Sport

La « Nage Verte » de Nadia Ben Bahtane : un hommage sportif et engagé au Maroc (VIDEO)

Accompagnée de ses amis, Dino Sebti et Sébastien Deflandre, la nageuse marocaine Nadia Ben Bahtane vient de réussir un nouvel exploit sportif en hommage, cette fois-ci, à la Marche verte. Baptisé la «Nage verte», ce challenge sportif collectif a consisté à traverser, à la nage, la lagune de Dakhla jusqu’à la plage Al Moussafir. Soit une distance de 25 km, parcourue par le trio en 7h 30mn.

Qu’est-ce qui caractérise ce nouveau challenge ?

La particularité de ce challenge est que nous l’avons réalisé à trois. Loin d’être une compétition, l’idée était de relever ce challenge ensemble et de vivre une expérience commune, portés par notre amour pour le Maroc, la ville de Dakhla, et bien entendu par la magie de l’océan. C’est Sébastien Deflandre qui a eu l’idée de la traversée de la lagune de Dakhla à l’occasion de la commémoration de la Marche verte, d’où le nom de la Nage verte. Mais outre la dimension patriotique et la volonté de rendre quelque chose à ce pays qui nous a tellement donné, ce challenge revêt deux autres aspects. D’abord, une dimension écologique, puisque le collectif «We are Dakhla» a réalisé, en parallèle du parcours, une opération de nettoyage de la plage et de sensibilisation sur le respect de l’océan et de l’environnement. Ensuite, une dimension sportive, à travers la transmission des valeurs sportives et du dépassement de soi aux jeunes de la ville de Dakhla via des cours de natation.

Parlez-nous en détail de ce challenge ?

Nous nous sommes lancés aux alentours de 8h00, et ce sont de très beaux paysages qui nous ont accueillis le matin du 6 novembre. Au départ, le vent nous a épargnés, nous avons aussi été protégés lors du passage de l’île du Dragon. Mais le vent s’est vite levé à 30km/h environ avec des rafales qui dépassaient les 40km/h. Ce vent de dos et de côté nous a compliqué l’épreuve, mais nous nous étions bien préparés et surtout, nous étions conscients de la difficulté et des contraintes météorologiques. C’est justement toute la beauté de la natation à l’eau libre. Pour le trajet, nous avons démarré au tout début de la lagune pour finir sur la plage Al Moussafir, après 7h30 de nage sur une distance de 25 km.

Comment s’est effectuée la traversée en termes de ravitaillement ?

Chacun de nous avait un accompagnateur attitré avec son propre zodiac de l’Open water event. Tout au long de la traversée, nous avions besoin de nous arrêter régulièrement pour nous ravitailler en eau, en boisson énergétique au besoin, en sels minéraux et en petites douceurs. La clé est de se préparer physiquement avant de rentrer dans l’eau et de gérer aussi son énergie pendant la traversée. Sans oublier la gestion de la vitesse à laquelle il faut nager en fonction de la distance à parcourir. Nous tenons d’ailleurs à saluer le soutien et l’accompagnement des équipes de l’Open water event qui nous ont permis de réussir ce challenge. Open water event, représenté par Édith Molina, organise le «Morocco Swim Trek» depuis 2015 et a l’habitude de gérer des événements en eau libre avec plus de 500 nageurs.

Quid des préparatifs ?

Comme pour tout challenge, il faut beaucoup de sérieux, de discipline et d’abnégation. Nous nous sommes mis en condition pour réussir ce défi dans les meilleures conditions possibles. La préparation prend aussi la forme de programmes d’entrainement. Nous avons nagé ensemble en mer et en piscine afin de nous familiariser avec l’eau. Certains programmes d’entrainement peuvent durer plusieurs semaines pour être prêts le jour J. Généralement, la courbe est classique : nous démarrons avec de petites distances pour atteindre un pic à 3 ou 4 semaines de l’événement.

Ensuite, la cadence redescend un peu pour laisser le corps capitaliser et se reposer pour être prêt le jour J. En eau libre, généralement, la règle est de majorer un peu. Si le corps est capable de nager 30 km en une semaine, c’est qu’il est capable de le faire en une journée. Une fois dans l’eau, in fine, ce n’est plus que du bonheur. Nous pouvons affirmer que le vrai challenge est de pouvoir concilier nos vies privées (travail, enfants, conjoints…) et la course. Lorsque nous nageons pour une cause comme la Marche verte, le sacrifice en vaut la peine.

Quels sont vos futurs challenge ?

Le «Morocco swim trek», qui se déroulera à Dakhla du 28 novembre au 3 décembre 2023, sur quatre jours, est un incontournable. C’est une vraie aventure humaine, dans un format exceptionnel, que nous avons bien l’intention de revivre cette année. Aussi, le parcours que nous avons réalisé fait en quelque sorte office de repérage pour 2024. Puisque notre volonté avec l’Open water event est de donner une dimension exceptionnelle et internationale à cet évènement, pour en faire une traversée au format marathon : L’Ultra Sahara swim. D’ailleurs, au-delà du sport, chaque challenge et chaque discipline nous font découvrir une nouvelle activité. De manière générale, c’est la reconnexion avec la nature et l’humain que nous cherchons et visons le plus souvent.

Qu’en est-il de la naissance de l’initiative Pinkwave?

Le sport a toujours été mon loisir principal. Un jour, j’ai décidé de découvrir la longue distance en nage libre de la même manière que de courir un marathon. J’ai découvert qu’on pouvait aussi faire des marathons en mer pour des distances à partir de 10 km. Je me suis essayé à ça, à 6 km et 10 km, dans un lac. Puis, un jour, et au détour d’une discussion avec des amis, on a échangé sur la traversée du détroit de Gibraltar car c’est une traversée mythique.

Le sentiment de se retrouver entre deux continents est incroyable. En tant que Marocaine, le fait d’arriver sur une côte marocaine, en faisant quelque chose qui me passionne, est formidable. J’ai eu cette chance de le faire en avril 2015. J’ai senti un bouleversement profond lorsque j’ai réalisé cette traversée car j’ai alors découvert ce que c’était vraiment de nager en haute mer. Encore une fois, cette communion avec l’océan est juste incroyable. Il est vrai que cela peut être dur des fois mais on a envie de recommencer dès qu’on sort de l’eau.

L’année dernière, j’ai effectué une traversée à la mémoire d’une de mes tantes décédées d’un cancer pour lever des fonds pour l’association «Le Ruban rose», et c’est là que j’ai découvert quelque chose de nouveau, à savoir la puissance de nager pour une cause plus importante que soi ! D’où mon grand enthousiasme, aujourd’hui, pour la Nage verte. Comme tous les Marocains, la Marche verte, c’est respecter la promesse de rester fidèle à son esprit. Une marche pacifique que nous avons tous le devoir de ne pas oublier et de célébrer dignement.

Ahmed Ibn Abdeljalil / Les Inspirations ÉCO


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