Mohamed Dkhissi, un passionné tout terrain
Le vélo tout terrain, parent pauvre du cyclisme, est sa passion depuis près de 20 ans. Mohamed Dkhissi, modeste enseignant dans la région d’Al Hoceina, a pourtant à son actif cinq participations au « Titan Desert by Garmin ». Aujourd’hui, c’est de toutes ses forces qu’il veut transmettre aux jeunes générations sa passion pour ce sport complet destiné aux amoureux des grands espaces.
Sa famille, sa femme et ses deux enfants sont sa fierté. Quand il les évoque, c’est avec la tristesse d’un père qui a été obligé de s’exiler pour travailler. Enseignant en éducation physique dans un lycée isolé de la commune de Tamsamane (région d’Al Hoceima), Mohamed Dkhissi, 38 ans, passe la majorité du temps loin des siens restés à Oujda. Mais il « n’a pas à se plaindre », il a un travail et la « chance » de pouvoir compenser l’éloignement grâce à sa passion: le vélo tout terrain.
« J’ai commencé le VTT en 1998, dans un club amateur à Oujda, ma ville d’origine. Depuis n’ai jamais arrêté de pratiquer ». Amateur ? Un statut sous-évalué pour ce sportif assidu qui aligne entre 300 et 600 km par semaine au rythme soutenu de cinq sorties hebdomadaires.
« Titan Desert by Garmin »
Le point d’orgue de sa passion, il le vit chaque année en participant au « Titan Desert by Garmin », la course de VTT la plus dure au monde. Cette épreuve d’orientation, de résistance et d’endurance réunit chaque année des centaines d’athlètes sur les routes marocaines.
Ils parcourent 700 km à travers six étapes entre désert et montagnes. Cette course ouverte aux professionnels comme aux amateurs est une occasion unique pour Mohamed d’affronter les plus grands.
« Ma première participation date de 2011 et depuis, j’y retourne chaque année. Bien sûr, ce n’est pas avec mon salaire que je peux payer le coût de la participation qui s’élève à plus de 2000 euros. J’ai la chance, ainsi que d’autres coureurs amateurs marocains, d’être invité par l’organisation ». Et quand on lui demande quelle est l’implication de la Fédération Royale Marocaine de Cyclisme dans tout cela, le regard s’assombrit à nouveau.
« La Fédération Royale Marocaine du Cyclisme semble plutôt bien gérer d’autres branches du vélo mais le VTT, lui, est mis à l’écart et c’est bien dommage. Pourtant, nous ne demandons pas beaucoup… »
Une implication serait d’autant plus justifiée au vu des résultats et classements obtenus par ce passionné. A titre d’exemple, les deux années précédentes l’ont vu terminer 67e sur 440 participants et 99e sur plus de 600 participants. Un véritable exploit au regard de son statut amateur.
De génération en génération
Si pour lui, il est trop tard pour un avenir professionnel à haut niveau, il garde espoir d’un futur meilleur pour le VTT. Son objectif aujourd’hui : fédérer les jeunes générations autour de ce sport, à commencer par ces élèves.
« J’organise dès que c’est possible des sorties, j’essaie de les initier, de les motiver… mais c’est difficile »; avoue-t-il. Difficile, car le VTT n’est pas le football, il ne suffit pas d’un ballon et d’un terrain plat : « ce sport est onéreux, il exige un matériel particulier relativement coûteux et sans aide, on bricole avec ce qu’on a ». Néanmoins, Mohamed Dkhissi a décidé d’y croire et de militer pour pousser l’Etat et la Fédération à mettre à la disposition des jeunes des moyens. Mohamed veut y croire et nous aussi !
Le VTT, un sport réglementé
Le vélo tout terrain (VTT) ou vélo de montagne est un vélo destiné à une utilisation sur terrain non goudronné. Par extension, il désigne aussi l’activité sportive, réglementée par l’Union Cycliste Internationale. Le sport a rapidement évolué depuis son apparition, donnant naissance à de multiples disciplines : la descente, le marathon, le freeride, l’enduro, le all-mountain… Le dernier recensement en date de 2015 faisait état de plus de 12 disciplines et quelque 4 millions de pratiquants à travers le monde.
A.Alaoui