Benkirane s’achemine vers un troisième mandat à la tête du PJD
Ceux qui voyaient Abdelilah Benkirane prendre sa retraite politique après avoir été évincé de la Primature se trompent lourdement. Il a insinué d’abord, lors d’une réunion avec sa jeunesse qu’il pourrait poursuivre son action à la tête du parti. Mais au fil de l’évolution de la situation et de la fronde qui s’organise autour de Saâd Eddine El Othmani, à cause de ce qui est appelé au sein du PJD comme le « gouvernement de l’humiliation », Benkirane affiche clairement ses ambitions.
Dans une rencontre avec les députés de son groupe parlementaire, Benkirane a laissé entendre que le parti traversait une période très difficile du fait de l’issue non satisfaisante du processus des consultations pour la formation du gouvernement. D’ailleurs pour mieux protester contre Saâd Eddine El Othmani, il a démissionné de son mandat parlementaire pour ne pas avoir à voter le programme d’investiture et décliné même une invitation à un dîner offert par le nouveau Chef de gouvernement en l’honneur des dirigeants des formations politiques de la coalition.
En bon tacticien, Abdelilah Benkirane a senti que son rival de toujours Saâd Eddine El Othmani avait grillé toutes ses cartes au sein du PJD et qu’il ne restait plus face à lui aucun concurrent sérieux pour briguer le poste de Secrétaire général. En outre, il est assuré du soutien de la grande majorité des membres du Secrétariat général et même du Conseil national qui voient en lui, celui qui est le plus habilité à sauver l’unité du parti et à poursuivre le combat contre le Tahakkoum (Hégémonie du Makhzen).
La Commission préparatoire présidée par son ami fidèle Mohamed Yatim, actuel ministre de l’emploi, a décidé de reporter la date du congrès qui devait se tenir en juillet. Désormais et sur les bons conseils de Benkirane, cette date a été repoussée à l’automne prochain. Le temps qu’il fallait pour que Benkirane puisse galvaniser les troupes et imposer l’amendement nécessaire des statuts pour entériner la décision et la possibilité pour le secrétaire général de briguer trois mandats au lieu de deux actuellement.
Il y aura certainement quelques voix discordantes, mais tellement minoritaires qu’elles seront inaudibles et Benkirane se présentera encore une fois comme le sauveur d’un bateau qui risquait de prendre l’eau.
T.J
