Un scénario de déblocage suggéré à Saâd Eddine El Othmani
Les premières consultations du nouveau Chef de gouvernement désigné, Saâd Eddine El Othmani, ont laissé fuiter quelles suggestions pour dépasser la situation de blocage à laquelle a grandement contribué Abdelilah Benkirane.
Ce dernier, pour rappel, avait entamé le processus de négociations selon une méthodologie faussée dès le départ. Il a désigné l’Istiqlal et le PPS comme partis acquis à sa cause, puis il a commencé à mener des négociations avec les autres formations politiques, les mettant devant le fait accompli.
Une situation inacceptable pour Aziz Akhannouch, le tout nouveau président du RNI, qui ne pouvait admettre qu’on lui impose un choix préétabli, d’autant plus que son parti avait réintégré le gouvernement au moment où Chabat avait quitté le navire dans l’espoir de faire capoter l’équipe de Benkirane.
Ce geste de sauvetage n’a pas été suffisamment pris en compte par l’ex-Chef de gouvernement qui, il faut bien le dire, a complètement dérapé dans son appréciation à ce sujet. C’est pour cela que Akhannouch a posé ses conditions qu’il a considérées légitimes et a fait comprendre à Benkirane que la cohabitation entre l’Istiqlal et du RNI était quasiment impossible.
Ce premier élément de blocage allait être dénoué quand Hamid Chabat s’était attaqué à la souveraineté de la Mauritanie. Son éviction du gouvernement était devenue une évidence. Cependant, un autre élément allait bloquer le processus et allait être déterminant dans l’évolution de la situation politique. C’est celui de la participation de l’USFP au gouvernement qui a été décidée par la Commission administrative du parti de la Rose. Une démarche accueillie par Benkirane par un veto catégorique dicté aux instances du PJD.
Et malgré l’élection d’un socialiste, en l’occurrence Habib El Malki, à la présidence de la Chambre des représentants, Benkirane est resté inflexible, arguant moult prétextes et raisons. La suite de l’histoire est connue puisque le secrétaire général du PJD a été démis de sa mission après la publication d’un communiqué du Palais royal à ce sujet.
Mais en désignant Saâd Eddine El Othmani, le Chef de l’Etat espère voir se constituer un gouvernement le plus tôt possible, d’autant plus que l’économie Maroc a subi des dégâts énormes à cause de l’entêtement de Benkirane tout au long des cinq mois qu’ont duré les négociations.
C’est pour cela, et pour débloquer la situation, ce que tous les partis appellent de leurs vœux, un scénario se profile à l’horizon. D’après certaines sources bien informées, le marchandage va tourner autour de concessions mutuellement acceptées.
Ainsi, le RNI-MP-UC accepteraient de convaincre l’USFP de patienter pendant quelque temps avant d’intégrer l’équipe gouvernementale lors d’un remaniement qui se produirait, au plus tard, dans dix-huit mois.
En revanche, Saâd Eddine El Othmani devrait abandonner l’idée d’intégrer le PPS de Nabil Benabdallah à l’équipe gouvernementale, eu égard à sa faible représentativité parlementaire qui ne dépasse pas douze députés.
D’ailleurs, ayant eu vent de ce scénario, des dirigeants du PPS, notamment Nabil Benabdallah, le S.G du PPS, épaulé par les vétérans Abdelouahed Souhail et Khalid Naciri se sont dépêchés de rendre visite à Abdelilah Benkirane, sollicité à défendre l’idée d’une participation de leur parti au gouvernement.
Tout dépendra, cependant, des calculs de Saâd Eddine El Othmani qui aspire personnellement à réussir dans la mission qui lui a été confiée par le Roi et accéder officiellement au poste très convoité de Chef de gouvernement investi constitutionnellement par un vote de la majorité parlementaire. Or, le PJD et les partis d’Akhannouch, de Sajid et de Laenser totalisent déjà, à eux seuls, plus l’apport du MDS d’Archane, plus de deux cents voix, sans oublier le soutien de l’USFP et même du PPS qui, éjecté de l’équipe, n’osera plus à épouser l’opposition.
Taoufik Jdidi