Parlement: Ce qu’a dit Akhannouch face aux critiques
Aziz Akhannouch estime nécessaire de passer à la vitesse supérieure pour répondre aux attentes des citoyens.
L’examen du projet de budget permettra de faire le point sur la question de savoir comment le gouvernement compte financer les programmes de réformes annoncés, particulièrement ceux ayant trait à la santé et à l’enseignement. Le Chef de gouvernement a été, rappelons-le, interpellé sur cette question par l’opposition.
Dans sa réponse devant l’hémicycle cette semaine, Akhannouch a fait référence à l’augmentation des recettes fiscales et à la nécessité, pour les parties concernées, de s’acquitter de leur devoir en la matière. Le gouvernement compte, ainsi, s’attaquer à la problématique de l’évasion fiscale qui prive l’État de recettes importantes. Mais cette option, à elle seule, sera-t-elle suffisante ? Cette question sera passée au crible au sein de l’institution législative avec la nouvelle ministre de l’Économie et des finances et le ministre délégué chargé du budget, à partir du 20 octobre.
Akhannouch a aussi été interpellé sur le taux de croissance, jugé trop faible pour donner un coup de fouet à la promotion de l’emploi. L’opposition doute que le gouvernement puisse honorer son engagement de création d’un million de postes d’emploi en cinq ans. S’agit-il d’un objectif utopique ? Certains députés rappellent que l’impact du taux de croissance sur la création d’emplois au Maroc a baissé considérablement au cours des dernières années.
Selon le Haut-commissariat au plan (HCP), il est ainsi passé de 30.000 postes par point de croissance à 10.500 seulement, entre les périodes 2000/2008 et 2009/2017. Le taux de croissance au Maroc ne reflète pas, en effet, l’effort d’investissement accompli. Malgré les acquis enregistrés, la rentabilité socio-économique des investissements publics reste faible, leur impact socio-économique ne suffisant pas à garantir un accès mérité du Royaume au concert des pays émergents. Une situation sur laquelle le nouveau gouvernement compte plancher.
En réponse aux remarques des parlementaires, Akhannouch explique que tout dépend de la nature et de la qualité de l’investissement. Il estime que les engagements gouvernementaux en matière d’emploi sont réalistes et réalisable : 250.000 postes proviendront du programme relatif aux grands, moyens et petits chantiers publics, qui sera mis en œuvre au cours des deux prochaines années et qui pourrait être prolongé au reste du mandat. À cela s’ajoutent 200.000 autres, dans le cadre du programme «génération green» qui vise, rappelons-le, à contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération de classe moyenne agricole et à créer une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs, notamment à travers la mobilisation et la valorisation d’un million d’hectares de terres collectives.
Pour ce qui est du secteur public, il est prévu la création de 50.000 postes d’emploi par an, soit 250.000 en cinq ans. D’autres programmes sont en vue pour la promotion de l’emploi, notamment celui baptisé «Forsa», au profit des jeunes et des associations, ainsi que celui relatif à l’appui à la création de plus de 12.000 crèches. Par ailleurs, en ce qui concerne l’engagement portant sur le taux de croissance, le Chef de gouvernement estime nécessaire de jouer la carte de la prudence en ces temps de crise : «On aurait pu s’engager sur 7 % et terminer le mandat avec 2,2 %.
Mais, nous devons être francs avec les citoyens. Nous sommes dans une zone de risques et la pandémie est toujours là. Ainsi, nous devons rester prudents». Il souligne que, dans la région MENA, la croissance ne dépasse pas 2 et 3 % cette année alors que le Maroc atteint 5,6 %. Un résultat positif, donc, mais «va-t-on faire de même l’année prochaine ? », s’interroge Akhannouch. Il rappelle, à cet égard, que cette année agricole est exceptionnelle, tout en laissant entendre qu’il est difficile de faire mieux l’année prochaine en termes de croissance agricole. La mission du nouvel exécutif ne s’annonce donc pas de tout repos. En tout cas, le gouvernement ne compte pas, selon le Chef du gouvernement, lésiner sur les moyens pour faire sauter les verrous qui freinent l’investissement en vue de promouvoir la croissance.
Jihane Gattioui / (avec Les Inspirations ÉCO)