Quand Ismaïl Alaoui a été incarcéré à cause de « la Belle Moscou » (VIDEO)
« Le Sage du parti du Livre » et ancien secrétaire général du PPS continue, dans ce cinquième épisode de notre série » « Hikayat », à se remémorer pour nous des évènements importants de l’Histoire du Maroc contemporain.
Cette fois-ci, notre illustre invité, Ismaïl Alaoui, évoque les nombreuses tentatives de faire pression sur le Parti du Progrès et du Socialisme, dont les conséquences ont été d’avoir été incarcéré et d’avoir fait la connaissance de Driss Basri, qui allait devenir ministre de l’Intérieur, par la suite.
L’avis de recherche et les filatures dont il a été l’objet, puis son interpellation, dataient de l’organisation, à Moscou, de la deuxième Conférence mondiale des partis communistes et ouvriers. Conférence à laquelle Ismaïl Alaoui n’avait pas pu assister, étant déjà incarcéré. Mediouri, agent de police qui allait devenir responsable de la sécurité au sein du Parlement, avait alors annoncé à notre interlocuteur que Driss Basri l’attendait. S’en est suivi son audition par le juge d’instructions puis son placement en garde à vue.
Ismaïl Alaoui se souvient avoir cité à Driss Basri le célèbre dicton marocain « Qui prend à partie une souris (en darija »li zagh 3la chi far) »), lui coupe la queue ». Façon d’exprimer que son interpellation l’est pour des raisons fictives, ayant pour dessein d’intimider et de faire pression sur le parti. Sachant que le jour de la séance plénière de la Conférence moscovite des partis communistes et ouvriers, Ismail Alaoui se trouvait à la faculté, faisant partie des professeurs chargés de la surveillance des les examens que les étudiants passaient.
L’ancien patron des camarades de Feu Ali Yata se souvient également de la voiture vétuste qui l’a conduit de chez lui à la rencontre de Driss Basri, puis de la voiture flambant neuf, de marque Renault, où il a été transféré au pénitencier de Laalou, à Rabat, dans une cellule individuelle. Celle-ci comportait « Hachakoum », des toiletes, un seau d’au et une couverture infestée de poux », souligne-t-il.
Le fait d’avoir passé quelques jours dans ce cachot, où il y avait aussi des sacs de maïs, ne l’avait pas tellement dérangé ni affecté autant que les odeurs nauséabondes dégagées par les poux desdits sacs. « C’était assurément ainsi qu’on voulait m’humilier et atteindre mon moral », a expliqué Ismaïl Alaoui.
Tout cela ne l’a pas empêché de se remémorer, avec humeur et ironie, la question saugrenue et subliminale que lui avait posée le juge d’instruction. Laquelle question avait été la suivante: « Pourquoi donc Ali Yata décrit-il Moscou comme ‘la nouvelle ville’? ». Question étrange, a ajouté notre invité, car »Moscou est vraiment une belle ville!
Plusieurs années plus tard, Ismaïl Alaoui aura de nombreuses occasions de rencontrer Driss Basri. Parmi ces dernières, le Colloque sur l’organisation de la presse marocaine où le ministre avait exprimé des positions au profit des forces vives du pays. D’autres rencontres avec Basri s’en sont suivi au sein du gouvernement d’alternance, sans qu’aucune anicroche ou incident ne soient parvenus entre les deux hommes.
« Qui osera prétendre le contraire ne sera qu’un fieffé menteur! », a conclu Ismaïl Alaoui.
Larbi Alaoui et Youssef Bajaja