Dans un entretien qu’il a accordé au groupe Horizon press, le chef de gouvernement balaie d’un revers de la main toutes les critiques et défend bec et ongles les choix gouvernementaux. Saad Dine El Otmani s’exprime aussi sur le bilan de trois ans du mandat gouvernemental. Exclu.
par Jihane Gattioui
Le gouvernement est vertement critiqué pour sa gestion de la pandémie depuis la sortie du confinement, à cause entre autres de son manque de communication et des décisions de dernière minute. Comment expliquez-vous cette situation ?
La pandémie est une problématique internationale qui déconcerte tous les États et gouvernements pour plusieurs raisons. Il faut dire que même si le virus est apparu il y a plus de neuf mois, il reste entouré de mystères, et l’évolution de certains aspects de la pandémie demeure incompréhensible même pour les spécialistes. Ainsi, tous les États suivent l’évolution de la pandémie en prenant des décisions tantôt sévères, tantôt conciliantes. À titre d’exemple, il a été décidé de fermer plusieurs quartiers de Madrid. Soulignons aussi l’annonce que vient de faire le Premier ministre britannique sur la possibilité de revenir au confinement général si la situation ne s’améliore pas. Tous les pays prennent des mesures en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique en décidant d’élargir ou de diminuer les zones rouges et, le cas échéant, de fermer des villes.
Personne ne conteste la nature des décisions. C’est plutôt leur timing, quelques heures avant leur application, qui est critiqué…
L’Espagne n’a annoncé sa décision de fermer des quartiers de Madrid qu’à la veille de son application. Il faut dire que, parfois, les informations ayant trait à l’évaluation de l’évolution de la pandémie au cours d’une période donnée ne sont disponibles qu’à la dernière minute, comme le nombre de cas en une semaine. La décision peut être prise pour une mise en œuvre immédiate ou après quelques jours, en fonction de la nature de cette décision et du timing de la finalisation de l’évaluation menée par les experts et les équipes techniques. Toute décision est précédée de consultations et d’évaluations. Il est douloureux pour le gouvernement de décider l’arrêt de l’activité économique et commerciale dans une région. Cependant, il faut préciser que ces décisions douloureuses s’imposent car leur non-application causerait de lourdes pertes humaines. Fort heureusement, le Maroc a pu éviter le pire, comme le démontrent les statistiques, bien que le nombre des décès ait augmenté. L’expérience démontre que les mesures renforcées permettent de maîtriser la pandémie. Les décisions prises de renforcer le contrôle à l’entrée et sortie de certains quartiers, de certaines institutions ou de certaines régions ont permis la baisse du nombre de cas de contamination ainsi que du nombre de décès. Si le nombre de cas augmente, il en ira de même pour ceux des cas critiques et des décès. Certes, le gouvernement assume une partie de la responsabilité, mais tout le monde doit être responsable et appliquer les mesures barrières comme le port du masque, la distanciation physique…
Pourquoi le chef de gouvernement n’a-t-il pas fait de sortie médiatique, même à l’apogée de l’évolution de la pandémie ? Est-il vrai que vous êtes écarté de la gestion de la crise sanitaire et que vous êtes le dernier à prendre connaissance des décisions prises ?
Ce sont des propos totalement erronés. Les décisions fondamentales sont prises dans le cadre d’une réunion ministérielle régulière avec les ministres concernés. Il est vrai que les décisions partielles sont déléguées soit à certains secteurs, soit aux walis et gouverneurs au niveau territorial, conformément aux dispositions du décret-loi qui permettent une intervention rapide au niveau territorial. En ce qui concerne le volet de la communication, le gouvernement est présent à travers les experts et les ministres.
Quid de la présence du chef de gouvernement, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays, pour rassurer les citoyens ?
Je suis toujours présent dans les étapes fondamentales. Mais quand il s’agit, à titre d’exemple, de l’enseignement ou de la santé, c’est le ministre du secteur qui est habilité à communiquer sur ce dossier. La communication est sectorielle car tout un chacun doit assumer ses responsabilités.
Le gouvernement n’assume-t-il pas la responsabilité de l’évolution de la situation épidémiologique car il a permis, à titre d’exemple, la célébration de Aïd Al Adha ? …………………………….