Le consul du Maroc à Oran a regagné le Royaume
Accusé d’avoir traité le voisin de l’Est de « pays ennemi », lors d’une rencontre avec un groupe de Marocains désirant être rapatriés d’Algérie, le consul général du Royaume à Oran a été la cible de quolibets et de critiques acerbes de la part des médias et des réseaux sociaux algériens.
Suite à cet « impair », que d’aucuns attribuent à un malencontreux lapsus (les noms « ennemi » et « épidémie » ayant presque la même prononciation en dialecte algéro-marocain), l’incident langagier avait pris des dimensions politiques. Et le ministre des Affaires étrangères du pays voisin, Sabri Boukadoum, avait même convoqué l’ambassadeur du Maroc, le 13 mai dernier, à cause de cette affaire.
Finalement, le consul a été contraint de quitter son poste et d’embarquer à destination du Maroc, jeudi 4 juin, à bord d’un vol de la Royal Air Maroc (RAM) qui avait rapatrié des Marocains bloqués en Algérie à cause de la pandémie du Covid-19.
En commentant le départ du consul général du Maroc à Oran, le porte-parole de la présidence algérienne n’a pas caché sa satisfaction, rapporte ce mardi 9 juin, le site TSA (Tout sur l’Algérie). Ainsi, lors d’une conférence de presse au palais El Mouradia, ce mardi, Mohand Oussai Belaid a déclaré: « Nous avons demandé ce départ. Son comportement était prévisible ». « La page de cet incident est tournée », a ajouté le porte-parole, rapporte la même source.
Lequel incident aurait eu pour origine une vidéo amateur préfabriquée et « ayant fait l’objet d’un montage » afin d’envenimer davantage les relations marocaines », selon une source de l’ambassade du Royaume à Alger. Des médias marocains ont également fait leur cette hypothèse de montage de vidéo ayant eu le dessein de jeter de l’huile sur le feu entre les deux pays maghrébins voisins.
Par ailleurs, le Maroc a exprimé sa consternation face aux allégations du porte-parole de la présidence algérienne qui a affirmé, ce mardi, que « le Consul du Maroc avait effectivement quitté le territoire national à la demande de l’Algérie » et que « l’attitude du Consul marocain n’était pas étonnante car c’est un officier des renseignements marocains ».
« Le Maroc a, d’abord, pensé ne pas réagir à ces affirmations irresponsables auxquelles nous sommes habitués depuis des décennies », a indiqué le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, en réponse à une question de la MAP.
« Toutefois, devant la gravité extrême de tels propos », le ministre souligne que « le Maroc exprime sa consternation face à ces allégations émanant d’un représentant d’une institution censée faire preuve de discernement et de retenue », notant que le Royaume « s’interroge sur les véritables motivations derrière cette nouvelle escalade et la volonté permanente de l’Algérie d’alimenter un climat de suspicion qui va à l’encontre de toutes les règles de bon voisinage ».
« Le Maroc rejette ces assertions ridicules et sans fondement », a-t-il poursuivi, précisant que « le Consul Général du Royaume à Oran est un cadre du Ministère, justifiant d’une carrière longue de 28 ans, aussi bien au service central que dans plusieurs postes à l’étranger ».
Dans ce sens, Bourita rappelle que « dans un souci de préserver la sérénité des relations bilatérales, notamment dans le contexte régional et international difficile lié au Covid-19, j’ai pris l’initiative d’appeler mon homologue algérien, pour lui dire que quelle que soit la véracité des propos attribués au Consul, le Maroc a décidé son rappel immédiat ».
De ce fait, explique-t-il, « le rappel du Consul a été décidé à l’initiative exclusive du Maroc même s’il s’est toujours acquitté de ses fonctions de manière tout à fait convenable et professionnelle », faisant savoir qu' »à aucun moment, le Royaume n’a reçu, de la part des autorités algériennes, une quelconque demande officielle formelle de rappel de son Consul Général ».
« Conformément à la politique prônée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, le Maroc a toujours opté pour l’apaisement dans ses relations avec l’Algérie. Afin d’éviter l’escalade, il se garde même de communiquer sur les provocations multiples et les attaques médiatiques commandées à l’encontre du Royaume », a conclu Bourita.
Larbi Alaoui