Le bras de fer entre le PJD et l’Intérieur prend une nouvelle tournure à Kénitra
La fièvre électorale est subitement montée à Kénitra, où la position du parti de Benkirane risque de s’affaiblir. La section locale crie au complot et lance des menaces.
La section locale d’un parti politique qui menace de poursuivre en justice le ministère de l’intérieur, pour une affaire qui n’a pas de lien avec son action, c’est du jamais vu. Cela se passe à Kénitra où le maire Aziz Rabbah, a été empêché par le gouverneur d’effectuer des travaux de revêtement des chaussées de la capitale du Gharb, qui y a vu les signes d’une campagne électorale anticipée.
Le communiqué de la section du PJD, puisque c’est de lui qu’il s’agit, dénonce l’illégalité de la décision du gouverneur de Kénitra, qui selon elle, contredit l’accord conclu entre Hassad et les secrétaires généraux des partis politiques.
Cet accord, d’après les auteurs du communiqué, prévoyait l’interdiction des travaux que devraient effectuer les communes pendant cette période et non pas ceux déjà programmés et dont l’exécution a commencé.
Le même communiqué dénonce, alors, tous ceux qui veulent torpiller l’opération électorale, notamment en invitant les opérateurs et les associations de la société civile à ne pas soutenir le PJD. De même qu’il exhorte les autorités locales à observer la neutralité et à respecter les valeurs de la démocratie et de la transparence lors des prochaines échéances électorales.
Mais, ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est qu’une section locale d’un parti se substitue à une institution élue, non pas pour dénoncer un acte, ce qui est légitime, mais pour menacer d’avoir recours à la justice contre les autorités territoriales.
Il aurait été plus logique que Aziz Rabbah, en tant que président de la municipalité, prenne lui-même cette décision, s’il s’était senti lésé et s’il considérait que ses droits avaient été piétinés du pied. Il n’en est rien. Et la scène politique locale et même nationale « s’enrichit » d’une action militante qui a débordé complètement de son cadre.
En fait, les problèmes entre Aziz Rabbah et les autorités de la ville ne concernent pas seulement ces travaux ,qui s’effectuent à la veille des élections, mais ils s’étendent au refus du président du conseil municipal de soutenir l’action du gouverneur de libérer l’espace public à Kénitra. Ce refus a été motivé par la crainte de perdre beaucoup de voix lors des élections du 7 octobre.
Mais la rage de la section locale du PJD se manifeste aussi à cause de la perspective d’une déconvenue électorale, puisque des candidatures jugées trop gênantes pour le parti de Benkirane, ont été entérinées par d’autres partis, notamment, celle de Faouzi Chaâbi, le fils de feu Miloud Chaâbi, qui se présente sous la bannière du PAM. Et lorsqu’on sait que Chafik Chaâbi, le propre frère de ce dernier, a claqué la porte du PJD, il y a quelques semaines, l’inquiétude des Pjidistes est devenue très perceptible, puisqu’ils perdent, par là même, un électorat fidèle au clan du milliardaire.
T.J