Enseignement: la croisade de Benkirane contre la « francisation »
L’ex-chef de gouvernement et ancien patron du parti islamiste ne veut point s’avouer vaincu. Malgré l’adoption du projet de loi-cadre de l’Education et de la formation, il n’en démord pas.
Abdelilah Benkirane, qui a plusieurs fois répété qu’il s’agit là d’une « honte », d’une « trahison » de la langue arabe et d’un « cadeau » fait à un lobbie marocain de l’ancien colonisateur, veut mener une croisade contre ce qu’il appelle « la francisation de l’enseignement ».
Selon des sources concordantes, relayées par le site Hespress, des personnalités politiques, des intellectuels et des académiciens se sont récemment réunis chez M’hamed El Khalifa, ténor de l’Istiqlal. L’ordre du jour de cette rencontre était la création d’un « Front du refus » pour mener campagne contre ladite « francisation ».
Et parmi les personnes présentes, il y avait l’ex-chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane; le président de l’Union mondiale des oulémas musulmans, Ahmed Raissouni; le président de l’Alliance nationale pour la langue arabe, Fouad Bouali; l’avocat et défenseur des droits de l’Homme, Abderrahmane Benamrou, ainsi que le chercheur universitaire, Abdessamasd Belkebir.
Selon la même source, qui rapporte une déclaration d’une personne présente à la réunion, un communiqué sera incessamment publié, annonçant la création de ce « Front du refus » du projet de loi-cadre de l’Education et de la formation. L’objectif de cette initiative est de protester contre l’adoption dudit projet, surtout concernant les articles prônant l’alternance linguistique de l’enseignement de certaines disciplines scientifiques.
De même que les mêmes sources de Hespress assurent que le projet de loi-cadre est contraire aux dispositions de la Constitution du Royaume du Maroc. Et d’ajouter que cette première action sera suivie par une série de manifestations, voire de marches protestataires, si c’est nécessaire. Le recours à des solutions juridiques est aussi prévu pour la défense et « au service de la langue arabe ».
Pour rappel, précise Hespress, Benkirane avait fait des mains et des pieds pour empêcher que le projet de loi-cadre de l’Education et à la formation ne soit adopté. Il avait même entravé cette adoption pendant de longs mois, à la Première Chambre du Parlement. Mais son successeur avait fini par convaincre ses « frères » de voter en faveur du projet.
Benkirane n’avait pas alors manqué de déclarer que Saâeddine El Othmani et Mustapha Ramid avaient ainsi commis « une faute grave » et qu’ils ont ainsi sacrifié la langue arabe comme tribut à un Etat colonisateur.
De son côté, le chef de gouvernement a un autre son de cloche. Il a déclaré que cette loi-cadre est « un acquis pour le Maroc et qu’aucun de ses articles n’évoque une quelconque francisation de l’enseignement ». El Othmani a expliqué à qui veut bien l’entendre que le projet prône l’enseignement de certaines disciplines dans des langues étrangères.
Enfin, en réponse à certains de ses « frères » qui critiquent le vote du PJD en faveur du projet de loi-cadre, le secrétaire général du parti de la Lampe éclaire leurs lanternes en leur rappelant le programme électoral du parti en 2006. Lequel programme comportait bel et bien une motion sur l’alternance linguistique concernant certains contenus et certains disciplines scientifiques.
Larbi Alaoui