40.000 personnes liées à la culture du Kif attendent d’être amnistiées
C’est un sujet récurrent que celui des petits paysans qui n’ont d’autre alternative que la culture du Kif. Les politiques s’en mêlent et présentent des solutions.
Encore une fois, les Marocains assisteront à une polémique qui dépasse le cadre de son objet, pour devenir un enjeu électoral majeur.
Ainsi, lors d’une rencontre avec les populations de la région de Taounate, les responsables du parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) ont assuré qu’ils tiendront leur promesse consistant à décréter une amnistie générale au profit de tous ceux qui font l’objet de poursuites dans le cadre de la culture du Kif. Le chiffre avancé est ahurissant. Il s’agit de 40.000 personnes poursuivies et recherchées pour leurs liens avec cette culture. Ce sont généralement de petits paysans, qui n’ont aucun autre moyen de subsistance que cette plante qui pousse exclusivement dans la région du Rif et du Pré-rif.
Le PAM va plus loin en promettant de tout faire, s’il accède au pouvoir, pour réviser toutes les législations se rapportant à ce sujet, selon une approche qui privilégie le développement humain durable et la diversification des activités.
Il est à noter que le parti de l’Istiqlal a, lui aussi soulevé, cette question quand il coordonnait ses actions avec le PAM au sein de l’opposition et s’est déclaré favorable à une réglementation de la consommation de cette culture.
Les deux partis ont été alors dénoncés par le PJD, qui voyait dans leurs propositions une incitation directe à la débauche et à la dépravation des mœurs publiques.
Sur le même registre, les participants à la conférence internationale, organisée récemment par la Région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, ont adressé une motion au Roi Mohammed VI à ce sujet.
Ils demandent, notamment, au Souverain de bien vouloir soumettre une proposition au Conseil économique et social, afin qu’il mène une étude sur les vertus thérapeutiques du Kif et les éventuels moyens de son utilisation dans l’industrie pharmaceutique.
De même qu’ils ont sollicité le Conseil national des droits de l’Homme d’émettre un avis consultatif sur les amendements législatifs s’y rapportant.
Les participants ont élaboré une série de recommandations répertoriées dans un document appelé « l’appel de Tanger » qui a été présenté en marge de l’assemblée des Nations-Unies sur les stupéfiants et la criminalité, et dans lequel il met l’accent sur les alternatives de développement au lieu de la seule approche sécuritaire.
Gageons que d’ici quelques semaines, ce thème prendra le dessus dans les joutes électoralistes et servira aux partisans du PJD de matière à taxer leurs adversaires politiques de barco-trafiquants.
Taoufik Jdidi