Politique

L’avocat Omar Bendjelloun explique les dessous de l’affaire des terrains

Suite au scandale de la répartition des parcelles de terrain à des serviteurs de l’Etat, la chaîne de radio française RFI a invité l’avocat et universitaire marocain Omar Bendjelloun à expliquer les dessous de cette affaire qui n’arrête toujours pas d’indigner la presse marocaine. 

D’après les déclarations de Omar Bendjelloun, « cela ne doit pas être un scandale dans la mesure où c’est une pratique depuis l’indépendance qui depuis les années 90 a recouvert une tentative de légalité formelle ».

Il précise que la judiciarisation du parc foncier marocain ne date pas d’hier. Elle a démarré à partir de 1995 et a eu droit à une réglementation en 2002. Toutefois, le décret en question n’a jamais été publié au bulletin officiel pour des raisons de confidentialité pour pouvoir continuer à faire disposer aux privilégiés du régime de ces parcelles.

L’avocat ajoute que l’attribution d’un titre foncier ne peut se faire qu’avec l’accord du premier ministre, suite à une commission d’études et d’examens. Toutes ces explications démontrent que la vente des biens de l’Etat à des sommes dites dérisoires aux dignitaires de l’Etat n’est qu’un secret de polichinelle qui est en même temps public et bien gardé.

L’invité de l’émission souligne entre autres que bon nombre de politiciens, militaires, et intellectuels ont bénéficié de parcs fonciers.

Au moment de la publication des documents et des informations confidentielles, le ministère de l’intérieur a justifié cette transaction comme étant exclusivement destinée aux agents d’autorité. Omar Benjelloun commente cette déclaration en disant que les agents d’autorité désignent le caid, le pacha jusqu’au gouverneur et au wali et ajoute que même si le décret de 1995 légalise la cession de terrains, il existe néanmoins une trouble transparence qui prouve là le caractère clientéliste de l’achat.

L’avocat n’oublie pas de citer quelques anciens privilégiés de ces parcs fonciers, notamment quelques dignitaires du parti de l’Istiqlal et du parti islamique qui a fondé le PJD en 1998…

Enfin, les partis politiques et les personnes concernées par cette affaire auraient sûrement préféré être plus discrets à deux mois des élections, mais comme le conclut Omar Benjelloun, l’Etat trouvera toujours des explications pour sauver la situation.
Contacté par Le Site Info, Omar Bendjelloun apporté les éclaircissements suivants aux lecteurs marocains :
«ll y a un arrière plan électoral certain, à deux mois des législatives, qui prend des allures de règlement de compte entre le PJD, le PAM et la technostructure représentée principalement par le ministère de l’intérieur. Cette querelle par procuration est relatée par des médias inféodés aux uns et aux autres. Le PJD tente de récupérer une certaine dénonciation des «privilèges» pour camoufler des enquêtes journalistiques et même judiciaires de certaines affaires d’abus de bien sociaux, alors que le domaine foncier de l’état, aussi bien maritime que terrestre, a toujours été mis à la disposition des notables, toutes tendances confondues, et parmi eux les fondateurs historiques du PJD. D’ailleurs, la conscience collective ne s’est pas émue pour autant de ces divulgations si l’on se base sur la faible mobilisation du sit-in du 3 août dernier qui a eu lieu devant le parlement pour dénoncer ces cessions foncières.»

M. D.


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