Politique
Parlement: les coulisses de l’éviction de Neila Tazi
On peut parler de retour en arrière pour le Parlement marocain. Pourquoi? Déjà parce qu’il n’y aura plus de femme au bureau de la chambre des Conseillers. Et ensuite, parce qu’une femme influente qui avait fait ses preuves au sein du Parlement a été éjectée sans raison valable.
Tout a commencé la semaine dernière, lorsque Hakim Benchemass a été reconduit à la tête de la chambre des Conseillers. Tout s’est passé assez vite. Le 15 octobre, Neila Tazi est priée de se rendre à une réunion qui n’était pas prévue. Etonnée d’un tel timing, la conseillère de la CGEM ne comprend pas l’objet de ce rassemblement. Lorsqu’elle demande les raisons de cette réunion censée décider de son sort, on lui répond qu’on « ne souhaite pas la voir poursuivre à la Vice-présidence ». En juillet dernier, lors d’une rencontre du bureau, Neila Tazi avait pourtant été confirmée à son poste d’un commun accord. Qu’a-t-il pu se produire entre temps? Pourquoi est-elle devenue non grata du jour au lendemain?
Quoi qu’il en soit, c’est l’homme d’affaire Hamid Souiri qui a pris sa place. Et du coup, il n’y aura plus de femmes au bureau de la chambre des Conseillers. Neila Tazi, dit avoir été prise de court. Les fervents défenseurs de Neila Tazi, une femme qui a « incarné un nouveau style au Parlement », dénoncent des « manigances » et une volonté d’un proche de Mezouar de placer « son protégé ». D’un autre côté, des membres de la chambre des Conseillers avancent une décision prise à l’unanimité et « à l’avance » afin de mettre en place une « nouvelle dynamique ».
Des bruits de couloirs laissent également entendre que Neila Tazi dérangeait par des prises de positions trop radicales ou à cause de sa proximité avec les médias. « Je suis proche des médias oui, c’est une réalité et ce n’est pas nouveau. Mon métier dans la communication m’y oblige. Et cela devrait être un plus pour le Parlement. Nous avons besoin de nous ouvrir à la presse et de donner une meilleure image des Parlementaires aux Marocains », nous déclare Neila Tazi par téléphone.
Elle assure vouloir servir son pays et ne comprend pas pourquoi une femme est ainsi éjectée alors que le débat sur la parité est au centre des préoccupations pour l’avenir du pays au plus haut niveau de l’Etat. La nomination de Souiri devrait être officialisée mercredi prochain. D’ici là, la polémique ne cesse d’alimenter les membres du perchoirs… mais aussi ceux de la CGEM, puisque Neila Tazi est réputée être très proche de l’ex-présidente Meriem Bensaleh.
Hicham Bennani