Les ambitions du Maroc au sein de l’Union Africaine
Il y a quelques semaines, le roi Mohammed VI recevait le président rwandais, Paul Kagamé, qui a été décoré du grand cordon Al Mohammadi, la plus haute distinction du royaume.
Une première pour un président d’un pays d’Afrique de l’Est, région avec laquelle le Maroc n’entretenait pas de relations cordiales, à cause notamment de la question du Sahara. Et c’est tout sauf un hasard si Kigali, capitale du Rwanda, abrite le 27ème sommet de l’Union Africaine.
Autre événement important, il y a quelques jours, la Zambie a retiré sa reconnaissance au Polisario. « Le gouvernement de la République de Zambie exprime son «soutien ferme aux efforts déployés par les Nations unies, sous les auspices du Conseil de sécurité et du secrétaire général de l’ONU, pour parvenir à une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », avait alors affirmé Harry Kalaba, ministre zambien des affaires étrangères.
Un discours historique
Le message de dimanche adressé par le roi marque le retour du Maroc dans le giron de l’Union Africaine, l’ancêtre de la défunte OUA de laquelle le Maroc s’était retiré en 1984, après que le sinistre secrétaire général de cette instance, Edem Kodjo eut introduit l’organisation séparatiste dans cette organisation panafricaine.
Plusieurs sources indiquent que ce sont les pays amis du Maroc qui ont insisté pour que le royaume réintègre l’UA et mette ainsi fin à la politique de la chaise vide pratiquée pendant 36 longues années.
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« Cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé », a d’ailleurs souligné le roi dimanche, lors d’un message adressé au 27ème sommet de l’UA.
« Le moment est arrivé » pour que le Maroc retrouve sa « place naturelle » au sein de l’Union Africaine (UA), a affirmé Mohammed VI.
Transcender les divisions…
Par cet acte historique et responsable de retour au sein de l’Union Africaine (UA), le Maroc compte œuvrer au sein de cette organisation en vue de transcender les divisions, a ajouté le Souverain.
« Cette décision de retour, réfléchie et longuement mûrie, émane de toutes les forces vives du Royaume », a affirmé le Souverain, en faisant remarquer que le « temps des idéologies est révolu » et que les peuples de l’Afrique ont besoin de concret et d’actions tangibles.
« On ne peut changer la géographie. On ne peut se soustraire au poids de l’histoire », a expliqué le Souverain, soulignant que c’est justement ce qui milite pour que le Maroc ne demeure pas en dehors de sa famille institutionnelle et puisse ainsi retrouver sa place naturelle et légitime au sein de l’UA.
Pour faire de l’UA une organisation plus forte
Agissant de l’intérieur, le Maroc contribuera à en faire une organisation plus forte, fière de sa crédibilité et soulagée des oripeaux d’une période dépassée, a affirmé le roi, notant que le défi qui demeure à relever pour l’Afrique, plus d’une décennie après la naissance de l’Union Africaine, « est celui de l’unité et de la cohésion de notre grande famille ».
Et le souverain d’expliquer que le Maroc, qui a quitté l’OUA, n’a jamais quitté l’Afrique. Il a seulement quitté une institution, en 1984, dans des circonstances toutes particulières, soulignant que la relation passionnelle du Royaume du Maroc avec son continent explique le sentiment légitime que la reconnaissance d’un pseudo état était dure à accepter par le peuple marocain.
Ecarter le financement des séparatismes…
« Le temps est venu d’écarter les manipulations, le financement des séparatismes, de cesser d’entretenir, en Afrique, des conflits d’un autre âge, pour ne privilégier qu’un choix, celui du développement humain et durable, de la lutte contre la pauvreté et la malnutrition, de la promotion de la santé de nos peuples, de l’éducation de nos enfants, et de l’élévation du niveau de vie de tous », a encore plaidé le roi.
Le Souverain a regretté à cet égard que certains pays continuent de prétendre que le Maroc n’a pas vocation à représenter l’Afrique, parce que sa population ne serait pas majoritairement noire, faisant observer que l’Afrique ne se résume pas à une couleur et que « continuer à l’insinuer, c’est mal connaitre nos réalités ».
C’est pourquoi, a poursuivi le roi, tous ceux qui dénigrent le Maroc font du tort, en fait, aux Africains eux-mêmes. La popularité du Royaume et sa dimension en Afrique, n’étant plus à démontrer, ni à prouver.
Le Souverain a également relevé que l’Afrique, si longtemps négligée, est devenue incontournable et se présente désormais comme un interlocuteur actif et respecté dans le débat sur la gouvernance mondiale.
Et trouver une solution pour le Sahara
« C’est pourquoi, sur la question du Sahara, l’Afrique institutionnelle ne peut supporter plus longtemps les fardeaux d’une erreur historique et d’un legs encombrant », a tenu à préciser le roi.
« L’Union africaine, n’est-elle pas en contradiction évidente avec la légalité internationale puisque ce prétendu Etat n’est membre ni de l’Organisation des Nations Unies, ni de l’Organisation de la Coopération Islamique, ni de la Ligue des Etats arabes, ni d’aucune autre institution sous régionale, régionale ou internationale ? », s’est interrogé le Souverain.
Et de relever encore : « L’UA, resterait-elle en déphasage avec la position nationale de ses propres Etats membres, puisqu’au moins 34 pays ne reconnaissent pas ou plus cette entité ? »
Mohammed VI a ainsi noté que même parmi les 26 pays qui s’étaient placés dans le camp de la division en 1984, seule une stricte minorité d’une dizaine de pays subsiste.
Cette évolution positive, a fait observer le Souverain, est d’ailleurs conforme à la tendance observée au niveau mondial, en ce sens que depuis l’année 2000, 36 pays ont retiré leur reconnaissance à l’Etat fantôme.
L’Union Africaine se trouve aussi en total décalage avec l’évolution de la question du Sahara, au niveau des Nations Unies, a encore relevé le Souverain, relevant que l’UA ne peut donc, seule, préjuger de l’issue de ce processus.
Par sa neutralité retrouvée, elle pourrait, par contre, contribuer d’une manière constructive à l’émergence de cette solution, a-t-il dit.