Avortement: les limites d’un projet de loi
Parallèlement à la discussion sur la réforme du code pénal au parlement, l’association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin a remis en cause, mardi dernier, les nouvelles décisions du gouvernement concernant l’avortement au Maroc.
L’association, présidée par Chafik Chraïbi, a pour projet de créer un lobby afin que soient modifiées les nouvelles réformes de la loi marocaine sur l’avortement.
Les membres de cette association ont exprimé des critiques sur ces nouvelles réformes, décidées par le ministère de la justice et des libertés ainsi que par le ministère des habbous et des affaires islamiques, et ont insisté sur le fait que la loi devrait garantir à la femme le droit basique de la santé et la liberté de son corps.
Khadija Roukani, membre du Printemps de la dignité a réfuté les décisions du gouvernement en soulignant que «le code pénal marocain n’est pas conforme avec les droits humains et les libertés» et en ajoutant que «le code pénal se base sur une culture patriarcale qui étouffe les femmes et ne garantit pas leur liberté et leurs droits basiques».
Alors que les associations des droits de l’homme exigent que le principe de la loi sur l’avortement se base davantage sur la santé de la femme, Khadija Rougani a déclaré que les consultations officielles à propos de la légalisation de l’avortement ne comportent aucune implication du ministère de la santé. La militante indique que «le ministère de la santé devait présenter un projet complet de protection de la santé des femmes enceintes».
Pour rappel, le souverain Mohammed VI a demandé une révision complète de la loi sur l’avortement, dans le respect des principes religieux mais aussi de la femme marocaine et de la mentalité actuelle du pays.
La parlementaire Nouzha Skalli a eu aussi son mot à dire lors de cette réunion. D’après elle, la justice ne fait pas pleinement son travail. Elle a pris comme exemple l’avortement des femmes violées. Elle a expliqué que les membres des parquets généraux du Maroc se basent sur des théories relatives aux mœurs et se permettent de prendre des décisions propres aux professionnels de la santé.
Khadija Roukani a ajouté que le projet de loi actuel «oblige les médecins à jouer des rôles inappropriés à leur profession». En effet, selon ses dires rapportés par le site arabophone Hespress, «un médecin devenu prêcheur de la foi n’accomplit pas pleinement son rôle de médecin, il préfère conseiller la femme désireuse d’avorter d’abandonner cette idée et de garder le bébé».
En guise de conclusion, l’ancien président de l’organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH), Mohamed Nechnach, a considéré que le projet de loi du gouvernement ne protège pas la femme, mais incite plus à l’avortement clandestin qui sépare les femmes des différentes classes sociales. En effet, les femmes aisées peuvent se permettre ces opérations coûteuses dans des cliniques privées et les autres femmes modestes doivent se contenter d’un avortement artisanal et très dangereux.
Soraya Adny