La vidéo de la honte
Par Nourr Edine
A l’heure où on batifole avec le dossier de l’éducation comme on l’aurait fait pour « Zéro Mica », le temps n’attend pas et le vide, laissé par l’école dépassée, rabaissée, détruite et vidée, est en train de nous produire des monstres de bestialité avec des adolescents qui s’inspirent du discours misogyne et réducteur de ceux qui interprètent la religion et l’utilisent pour contourner le droit.
Revisionner une vidéo comme une prémonition de ce qui nous attend si nos incapables de responsables ne reprennent pas conscience du rôle de l’éducation dans le développement d’une société.
Ils sont, au moins deux, autour de la jeune fille. L’un jouant au cameraman, un couteau à la main, et l’autre jouant le mâle viril et puissant. Au début de la vidéo, la fillette remet son pantalon, ce qui suppose que le viol a eu lieu, et non contents de la violer, c’est une pluie de gifles, de coups de pied qui donnent la nausée.
A se demander, d’abord, que fait une jeune fille avec deux garçons, loin de toute présence humaine ? En se livrant à de tels actes, les agresseurs ne craignent-ils ni leurs parents, ni les autorités ?
C’est un fait divers, pour certains banal, car partout dans le monde, des agressions, des viols ont lieu toutes les secondes, mais c’est la vision du pays, à l’avenir, si nous ne prenons pas conscience qu’avant de parler de gratuité de l’enseignement, il nous faudra traiter de l’obligation de l’instruction. Si l’école se désiste, l’enfant se trouve livré au schéma dominant et l’exemple du comportement sur la vidéo en est la preuve parlante. La fille est regardée comme un objet sexuel, considérée comme une non-citoyenne, sans droit ni liberté. Elle est à l’image de la femme telle qu’elle est vue par ceux qui prennent 2, 3 ou 4 épouses ; non pour lutter contre la prostitution, mais pour assouvir cet instinct bestial et animal qui ronge leur libido. Cette vidéo illustre la lâcheté de ceux qui s’opposent à voir la femme comme une citoyenne à part entière et désigne les responsables de la faillite de l’école.
Si l’éducation commence au sein de la famille quand elle arrive à se structurer pour assurer le bien être des enfants, c’est à l’école que se rectifient les notions, parfois archaïques, de la société. C’est à l’école que l’enfant aborde la citoyenneté avec toutes les valeurs d’égalité, de solidarité, de dignité et de liberté qu’elle doit véhiculer. C’est en classe que la constitution est expliquée et présentée comme seul cadre pour préserver la citoyenneté pour tous sans en exclure personne. L’école éclaire nos atavismes, parfois tolérés mais souvent avilissants et destructeurs et que, grâce aux compétences de l’enseignant, nous pouvons espérer voir disparaître, sinon il suffit d’éteindre la lumière pour que l’homme redevienne sauvage !
