OPINION DU WEB

Tahar Ben Jelloun: les islamistes ont « un problème de sexualité non résolu »

Dans un livre paru jeudi dernier, l’écrivain Tahar Ben Jelloun analyse le rapport à la femme partagé par les franges les plus extrémistes de l’islam comme « un problème de sexualité non résolu ». Il a été par ailleurs nommé ce lundi au conseil d’administration de la future Fondation pour l’islam de France. « C’est pour cela que les islamistes rigoristes disent qu’on doit la couvrir, l’empêcher d’être libre, de se montrer… », relève l’écrivain d’origine marocaine qui publie au Seuil Le Terrorisme expliqué à nos enfants où il explique les raisons du déchaînement du fondamentalisme islamiste.

À l’instar du romancier algérien Kamel Daoud, menacé après avoir dénoncé « le rapport malade à la femme » dans le monde arabo-musulman, Tahar Ben Jelloun écrit que pour les islamistes « tout tourne autour du corps de la femme ». « Au fond, c’est un problème de sexualité non résolu », résume l’écrivain. Pour le romancier, une des principales raisons de la peur de l’islam est qu’« en vertu de la charia pratiquée dans certains pays musulmans, la femme ne jouit pas des mêmes droits que l’homme ». « La polygamie est autorisée, la répudiation aussi, et même la lapidation », énumère l’écrivain. « Quand les Européens voient la condition qui est faite aux femmes dans certains pays, ils sont choqués ; quand ils apprennent qu’en vertu de la charia on coupe la main des voleurs et on lapide la femme adultère, ils sont épouvantés. » « La laïcité implique la liberté d’expression », fait valoir l’écrivain pour qui « l’application de ce principe est une marque de civilisation ».

« Les djihadistes sont une menace », souligne le prix Goncourt 1987, pour son roman La Nuit sacrée. « Tout ce qui touche à l’islam a pris un tour tragique. » « Oui, il faut avoir peur de ceux qui se servent (de l’islam) pour vouloir gouverner et dominer les autres », écrit-il. Mais, ajoute Tahar Ben Jelloun, la peur vient aussi de l’ignorance de ce qu’est véritablement l’islam, « religion de paix et de tolérance ». « C’est devenu banal de s’en prendre à cette religion et aux personnes qui s’en réclament », déplore l’écrivain. Il s’en prend notamment au romancier Michel Houellebecq qui, selon lui, « revendique » une « haine de l’islam ».

Évoquant à plusieurs reprises le conflit israélo-palestinien, Tahar Ben Jelloun écrit que « à tort ou à raison, les immigrés et en particulier leurs enfants (de nationalité française) se mettent en colère chaque fois que les pays européens prennent la défense de l’État d’Israël en oubliant l’injustice faite aux Palestiniens ».

À cet égard, l’écrivain critique plusieurs fois des déclarations de Manuel Valls en faveur d’Israël tout en soulignant que « cela ne justifie absolument pas que des Merah, des Kouachi et des Coulibaly assassinent des dessinateurs, des enfants juifs au nom de l’islam et, dans le cas de Merah, au nom de la Palestine ».

(avec AFP)


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