OPINION DU WEB

Ces barbus qui nous veulent du bien

noureddinePar Nourr Edine

Ce sont des citoyens marocains comme les autres et pourtant ils refusent d’être comme les autres. Parce qu’ils ont fait des études et parce qu’ils ont appris par cœur un livre et parce qu’ils ont laissé pousser leur barbe jusqu’à la répulsion, ils ont fabriqué un modèle de citoyen à part.

Ils s’estiment au-dessus de la loi et interprètent la constitution comme bon leur semble. Ils s’autorisent d’épouser plusieurs femmes, faisant un pied de nez arrogant au principe d’égalité. Il ont avis sur tout : ils sont sociologues, psychologues, archéologues, anthropologues, ethnologues… et toutes les disciplines font partie de leur immense savoir. Il leur suffit de sortir un hadith ou un verset pour que soyez transformé en adepte de Satan ou sur le point de l’être.

Comme par hasard, ils entretiennent des liens étroits, matériels et spirituels, avec les nébuleuses du Moyen-Orient. Là où on perd le contrôle sur les régimes et les sociétés.

En passant de l’un à l’autre, vous vous apercevez que si l’un tend à ressembler à Sidi Aberrahman Al Majdoub, il n’en a que l’apparence car son verbe est acerbe, jamais content et tout nous mène vers les flammes brûlantes de l’enfer.

L’autre, c’est une sorte d’ayatollah Khomeini blagueur, car il fait dans l’humour qui glisse les mêmes messages de peur, d’enfer et de décadence menaçante.

Un autre, plus malin, mélange les vertus du Coran au savoir-faire de la culture des oliviers et s’il s’engage dans le même discours annonçant l’apocalypse, il y sème un peu de commerce d’huile d’olives pour rester humain.

Le dernier n’a rien d’extravagant, sauf peut-être son art à savoir inventer, selon l’intérêt ou le jour, chaque fois une version qui rend crédible le mensonge ou la trahison.

L’étonnant chez ces personnages c’est que toute leur science n’est basée ni sur la preuve tangible ni sur l’expérience avérée, mais sur l’art de savoir trouver dans le livre saint ou la parole du prophète l’expression qui convient pour paraître dans le vrai. Ils savent, avec une dextérité incroyable, jongler sur les mots et faire voir jaune ce qui était, au départ, rouge. Ils ne sont pas Bac + 18 ou 25, ils sont inclassables. Avec eux, vous avez l’impression qu’ils se sont mis à étudier l’islam et sa rhétorique bien avant leur sevrage. Un peu comme s’ils avaient été sensibles au Coran psalmodié au stade embryonnaire, bien avant la différenciation cellulaire !

Quand ce sont des imams, on peut tolérer leur bavardage qui meuble le temps à attendre que la mosquée se remplisse, mais comme « prédicateurs » auto-proclamés, ils ne montrent qu’un seul chemin, avec un seul visa vers l’Orient déchiré par les convoitises et les courants innombrables qu’animent leurs semblables. Ils semblent inoffensifs dans les discours qu’ils tiennent quand ils parlent du bien et du mal, mais quand ils commencent à vouloir convertir à leur thèses les pauvres bougres dans les villages, ils supplantent le conseil des oulémas et défient même l’institution du prince des croyants.

Dangereux, ils peuvent le devenir, s’ils ne le sont pas déjà, quand, dans les brumes angoissantes de leurs esprits, ils placent la charia des premiers siècles de l’hégire au-dessus des constitutions populaires. De toutes leurs activités sournoises et clandestines, il n’y a, parfois, que l’imamat qui reste officielle et quand on sait qu’être imam n’est pas un statut mais un rôle, celui de guider les prières, on comprend que la plupart du temps, elle n’est qu’une couverture !

Je peux toujours me tromper et je l’espère, mais la prudence est de rigueur devant des disciplines qui n’ont rien de vérifiables et de scientifiques. En attendant, je doute de leur bonne foi !


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