La Toile a eu raison de la « malhama »!
Par Larbi Alaoui
La fameuse « malhama », pompeusement intitulée « Les héros de la Patrie »(Abtal Al Watan) n’a cessé de faire des vagues sur les réseaux sociaux, depuis sa publication sur la chaîne Youtube, vendredi dernier. Des vagues? Plutôt un véritable tsunami qui a enflammé la Toile marocaine. Retour sur un fiasco.
Elle a été surnommée « malhama de la honte » par d’aucuns, « mazbala »(décharge) par d’autres, »mach hama » (la pleine de graisse), ainsi que par des noms d’oiseaux dus à l’esprit imaginatif des Marocains. Cette… heu… « épopée », supposée être à la gloire de nos Lions de l’Atlas, à l’occasion de leur participation à la grand-messe footballistique, après vingt ans d’absence de la Coupe du monde, n’a trouvé grâce auprès d’aucun(e) Marocain(e) ayant eu la (mal)chance de la visionner. Et nombreux sont ceux qui n’ont pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de ces treize minutes interminables et douloureuses que durent la… « chanson ».
Personne n’a donc apprécié la « malhama »? Que nenni! Rappelons-nous le dicton du cru! « Qui t’a louée, Ô jeune mariée? Ta maman et ta tante! ». En l’occurrence, dans ce cas de figure, la tante et la maman de cette… « épopée » est son metteur en scène et, en même temps, son producteur, Said Naciri. L’humoriste plaisantait-il quand il a traité les détracteurs de son « oeuvre » « d’ennemis de la réussite et de la Nation » dans un entretien avec nos confrères de Yabiladi? Sûrement pas, hélas! De lourdes accusations pour expliquer que la « malhama » est un succès jalousement et injustement décrié. Et il en veut pour preuve les 800000 personnes qui ont vu « Abtal Al Watan ». Naciri a donc oublié que pour juger n’importe quel travail artistique, il faut d’abord le voir afin de pouvoir porter un jugement favorable ou pas sur le spectacle proposé, en fin de compte.
Et le spectacle, de l’avis de tous, est d’une médiocrité inimaginable, voire alarmante, Le comble pour un artiste, que l’auteur de ces lignes a eu l’occasion de rencontrer et d’applaudir à son premier one man show au Théâtre national Mohammed V, qui ne cesse, depuis, de dénoncer la médiocrité des programmes, des séries et autres feuilletons présentés par nos différentes chaînes nationales. Allant même jusqu’à organiser un sit-in devant le Parlement et une marche de protestation contre ladite médiocrité incriminée, partie de la rue Brihi, siège de la Vieille Dame qu’est la Société nationale de radiodiffusion et de télévision, pour arriver avenue Mohammed V de la capitale!
Cette même SNRT dont le PDG, Fayçal Laraïchi, a reçu la « malhama » mais ne l’a point diffusée sur les ondes de la radio nationale ou sur Al Oula, d’après l’aveu même de Said Naciri. Celui-ci ne s’est-il pas posé la question du pourquoi et du comment du « niet » de la SNRT? Il aurait dû!
Dans tous les cas, et à la grande satisfaction des « ennemis de la réussite et de la Nation », ce navet a vu sa suppression de la chaîne Youtube où il avait été initialement posté. Les raisons invoquées de cette suppression, selon les sources de Le Site Info, sont en rapport avec le différend ayant opposé Naciri au réalisateur Hatim Naji. Le second a reproché au premier d’avoir ajouté des séquences à « l’oeuvre » sans lui avoir demandé son avis, ce qui aurait causé des problèmes au réalisateur.
Quoi qu’il en soit, votre serviteur tient à préciser que Said Naciri lui-même, tout en défendant l’indéfendable et en encensant ce qui n’aurait pas dû l’être, a déclaré que l’on ne peut pas parler de mise en scène car « il n’y en avait pas »! Plusieurs parties avaient été sollicitées, toujours selon l’humoriste qui a fait rire jaune les internautes et leur a fait grincer des dents avec sa réponse précitée, pour contribuer à ce financement mais elles ont toutes refusé. Comme on les comprend!
A noter que cette « malhama », heureusement supprimée par Youtube et non diffusée par la SNRT a réuni quelques 120 acteurs et chanteurs dont certains, appréciés par les Marocains, semblaient avoir l’air de se demander ce qu’ils faisaient dans cette galère. D’autres, à la voix nasillarde, tombés dans la chanson, non pas comme Obélix dans la potion magique, mais comme un cheveu dans la harira de ce mois sacré de Ramadan, se trompant sur les paroles écrites par Abdellatif Essaidi, qui est aussi le compositeur de cette chanson à jeter vite aux oubliettes de l’histoire des belles chansons patriotiques d’antan. Certains inconfortablement juchés sur des cageots de fruits et légumes servant d’estrade improvisée. La honte! Ne parlons pas non plus du montage, de prise de son,d’image entre autres imperfections criardes de cette « oeuvre » qui ne fait honneur ni à ceux qui l’ont « commise », ni aux Lions de l’Atlas, ni non plus au public marocain. Nous méritions beaucoup mieux que cette « malhama-mascarade »! Que l’on se le dise!
Pour finir, rendons un hommage particulier à l’excellente vidéo, intitulée » Kora Nation » réalisée par Mohammed Elbellaoui, alias Rebel Spirit, dans le but de promouvoir la candidature du Royaume à l’organisation du Mondial 2026. Une belle vidéo racontant la vraie épopée des légendes du football national, Bassir, Zaki, Feu Dolmy, Faras, Neybet, Timoumi, Benatia, entre autres stars d’hier et d’aujourdhui qui ont si bien honoré le ballon rond marocain! Rendons aussi hommage à la courte et belle version tunisienne de la « Kalinka » des Choeurs de l’Armée rouge, intitulée « Ya Roussia jayin » (Russie, nous arrivons!), à la gloire des Aigles de Carthage, présents aussi au Mondial 2018!
L.A.