La galère des réfugiés syriens à Nador (reportage)
L’Espagne commence à recevoir les premiers réfugiés syriens arrivés ces derniers mois en Grèce, en Italie, en Turquie et au Liban. Mais d’autres citoyens de nationalité syrienne attendent désespérément leur délivrance à Nador et leur entrée officielle en Espagne.
Compte tenu de la difficulté de l’entrée en Espagne des réfugiés syriens bloqués au Maroc, un réseau mafieux dangereux a été mis en place au niveau des frontières maroco-espagnoles, révèle le quotidien El Mundo.
En effet, les réfugiés politiques se voient obligés de payer des passeurs pour entrer de manière irrégulière dans le pays voisin, cachés dans des véhicules ou munis de faux passeports marocains ou espagnols.
Ils s’habillent souvent comme des Marocains, donnent la main à des enfants en se présentant comme leur père ou leur parrain.
D’après El Mundo, la majorité des Syriens bloqués à Nador ont un seul désir, fuir le Maroc et après les paiements excessifs à la mafia, à leur arrivée devant les douanes de Melilla, ils présentent leurs vrais passeports syriens et supplient pour obtenir leur droit d’asile.
D’autres réfugiés préfèrent payer plus et avoir un passeport marocain afin d’éviter toute altercation ou tout contact avec les autorités espagnoles.
Les mafieux offrent aux Syriens deux méthodes pour fuir : à pied ou en voiture. Les pateras et les haies de protection sont strictement réservées aux Subsahariens.
Les passeurs sont payés 10.000 dirhams par adulte et entre 4000 et 7000 par enfant, mais ces sommes sont souvent dépassées. Elles varient en fonction de la demande et des difficultés conjoncturelles d’accès qui existent à la frontière.
Issa, un jeune trentenaire a dilapidé sa fortune pour payer plus de 13.000 dirhams afin de parvenir à la frontière espagnole, en plus des 26.000 dirhams qu’il a dû débourser pour fuir la Syrie en guerre.
Amal, également citoyenne syrienne et mère de trois enfants dont le mari se trouve actuellement au Liban, a dû payer plus de 4000 dirhams par personne pour traverser la frontière maroco-algérienne. Arrivée au Maroc, elle a ajouté la somme de 44.000 dirhams pour arriver à Melilla en compagnie de ses enfants.
Dans le cas où les familles sont nombreuses, la somme peut monter jusqu’à 130.000 dirhams. C’est ce qu’a dû payer Aamer, originaire de Homs, accompagné de 15 personnes : sa femme, ses enfants, ses frères et ses neveux. Ils ont voyagé clandestinement depuis la Syrie, en passant par le Liban, l’Egypte, l’Algérie et le Maroc. Ils sont finalement arrivés ruinés à Melilla : «Le pire voyage d’entre tous !» commente Aamer.
Pourtant, il existe quatre postes frontaliers pour entrer en Espagne depuis Melilla, dont un comprend deux bureaux d’asile habilités. Tout semble indiquer un accord de collaboration entre les deux pays pour contrôler l’accès en Espagne et empêcher toute personne étrangère d’origine syrienne ou subsaharienne de tenter sa chance.
Soraya Adny