Manifestations en France: heurts dans plusieurs villes
Des manifestations, entachées de heurts et violences entre marcheurs et forces de l’ordre, ont été organisées dans plusieurs villes françaises, jeudi à l’appel de l’intersyndicale, pour protester contre la réforme des retraites, adoptée via l’arme constitutionnelle du 49.3.
Lors de cette neuvième journée de mobilisation, marquée par un net rebond de la participation, un total de 3,5 millions de personnes ont manifesté selon la Confédération Générale du Travail (CGT), et 1,08 million pour le ministère de l’Intérieur.
Dans la capitale, où des affrontements avaient lieu entre manifestants et forces de l’ordre, la CGT fait état de 800.000 manifestants, soit la plus grosse mobilisation depuis le début du mouvement.
Les syndicats revendiquent aussi une mobilisation record à Marseille: 280.000 personnes, contre 16.000 selon la préfecture, un grand écart de comptage classique dans la deuxième ville de France.
Ils dénombrent aussi 110.000 manifestants à Bordeaux, autre record, 35.000 à Rennes et 80.000 à Nantes – contre respectivement 22.000 et 25.000, d’après les autorités dans ces deux dernières villes, où des heurts avaient également lieu avec les forces de l’ordre.
Des responsables syndicaux ont appelé, dans la foulée, à la non-violence. « Jusqu’au bout il va falloir garder l’opinion, c’est notre pépite, et pour cela il faut des actions non violentes, qui n’handicapent pas le quotidien des citoyens », a indiqué Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail), cité par les médias.
Jeudi, la circulation des trains et métros parisiens était fortement perturbée à la SNCF (chemins de fer) et la RATP (transports à Paris et région parisienne), les syndicats ayant appelé à « une journée noire » dans le secteur.
La Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a aussi demandé aux compagnies aériennes de réduire de 30% leurs vols à Paris-Orly et 20% dans d’autres aéroport pour jeudi et vendredi.
Quelques dizaines de personnes ont aussi fait irruption à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, bloquant durant une heure les accès au terminal 1 avant d’en être délogés dans le calme.
L’approvisionnement en kérosène de la région parisienne et de ses aéroports par la Normandie (ouest) « devient critique » en raison des grèves dans les raffineries, selon les médias locaux.
Dans l’Education nationale, le ministère a comptabilisé 23,22% de grévistes dans le primaire et 19,61% dans le secondaire. Des dizaines de lycées et d’universités étaient également bloqués jeudi matin.
Cette neuvième journée nationale de mobilisation depuis le 19 janvier intervient au lendemain de l’interview télévisée du président Emmanuel Macron dans laquelle ce dernier s’est montré inflexible et a fait part de son souhait que sa réforme des retraites entre en vigueur avant la fin de l’année.
L’intervention du chef de l’Etat a été fortement critiquée tout particulièrement par les centrales syndicales, à leur tête la CFDT, dont le secrétaire général Laurent Berger, a accusé Macron de « mensonge » concernant la position du syndicat sur la réforme.
Pour rappel, le projet de réforme controversé des retraites, qui prévoit notamment le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 et 64 ans, a été adopté sans vote, grâce à l’article 49.3 de la Constitution qui permet au gouvernement d’engager sa responsabilité pour faire passer un texte de loi en cas d’absence de la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Deux motions de censure pour faire tomber l’Exécutif, s’en sont suivies, mais n’ont pas pu recueillir le nombre de voix suffisants. L’opposition et les syndicats, de leur côté, ne lâchent pas.
S.L.