Pénurie de carburants en France : Un bras de fer s’engage entre syndicats et gouvernement
Frappée depuis plusieurs jours par une pénurie de carburants dans les stations-service, en raison d’un mouvement de grève de personnels de plusieurs raffineries et dépôts de carburants, la France roule au ralenti. Gouvernement et syndicats se sont engagés dans un bras de fer qui risque de perdurer.
Face à la décision des salariés de six des sept raffineries, appartenant à TotalEnergies et au groupe américain Esso-ExxonMobil, de reconduire leur grève, entamée fin septembre pour revendiquer des hausses salariales, l’Exécutif a mis en exécution ses menaces de réquisition des personnels, afin de débloquer une situation, qui devient de plus en plus insoutenable pour des millions d’automobilistes.
« J’ai demandé aux préfets d’engager la procédure aux réquisitions des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts d’Esso-ExxonMobil », a déclaré, mardi, la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, devant l’Assemblée nationale. Pour TotalEnergies, Mme Borne a exhorté direction et syndicats à engager des négociations salariales, faute de quoi, ils risqueront le même sort.
Interrogé par les journalistes, le porte-parole du gouvernement, Olivier Jérôme, a estimé, mercredi, qu’ »il faut un déblocage rapide de la situation ».
Le déblocage des dépôts pétroliers, grâce aux réquisitions, à Port-Jérôme, ou au dialogue social, ailleurs, devrait permettre une ‘’amélioration très sensible […] dans les prochains jours’’, a-t-il dit, ajoutant qu’une fois la grève terminée dans les dépôts, ‘’les premiers effets seront visibles rapidement’’, ainsi, mais quelques jours au moins seront nécessaires pour permettre d’approvisionner de nouveau les stations du territoire et revenir à un niveau normal.
La décision du gouvernement a suscité l’indignation des syndicats qui ne comptent pas lâcher prise, se disant prêts à ‘’se battre’’ contre ces décisions et les contester devant les juridictions administratives.
En ce sens, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui s’est déplacé le même jour pour « soutenir » les salariés d’ExxonMobil à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), a annoncé le dépôt, le lendemain, d’un recours en référé contre les réquisitions de quatre d’entre eux.
« C’est une décision scandaleuse, nous sommes aux côtés des salariés », a déclaré à la presse le dirigeant syndical.
De son côté, Christophe Aubert, délégué syndical central CGT, a qualifié la décision de l’exécutif d' »atteinte au droit de grève ». « On va se battre’’, a-t-il indiqué.
La décision du gouvernement, sous les feux des critiques depuis le début du mouvement gréviste, est aussi décriée par les oppositions. Si la députée écologiste, Sandrine Rousseau, a appelé à ‘’la grève générale’’, espérant que le mouvement de grève dans les raffineries et dépôts de carburants chez TotalEnergies et ExxonMobil provoque une ‘’étincelle’’, le député La France Insoumise, Alexis Corbière, a estimé au micro de RTL que ‘’toute une série de secteurs aujourd’hui, qui trouvent qu’ils sont dans une situation de mauvaise rémunération, devraient rentrer dans le mouvement’’, car ‘’ce n’est pas leur lutte, c’est notre lutte’’.
« Tous les salariés doivent comprendre que la victoire » des salariés des raffineries « ouvrirait la porte à tous ceux (…) qui n’ont pas le même rapport de force », a ajouté le député de Seine-Saint-Denis, qui a appelé également à participer à la « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » de dimanche.
Dans ce bras de fer, et dans l’attente d’une issue rapide, les automobilistes demeurent les plus grands perdants et risquent de voir leur galère entre les stations-services se prolonger davantage.