Le FMI dresse un tableau sombre de l’économie algérienne
Au terme d’une mission en Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) dresse un tableau sombre d’une économie fragilisée par les « déséquilibres macroéconomiques » davantage accentuées par la pandémie de Covid-19, et appelle d' »urgence » à un vaste ensemble de réformes structurelles tellement les dirigeants du pays ne disposent que d’une « marge de manœuvre considérablement réduite ».
« La pandémie a encore mis en évidence les facteurs de vulnérabilité de l’économie algérienne. En raison de déséquilibres macroéconomiques de longue date, les décideurs disposent d’une marge de manœuvre considérablement réduite », relève le FMI dans un communiqué publié lundi à Washington.
Pour l’institution financière internationale, « la politique budgétaire expansionniste menée depuis plusieurs années a contribué à porter les déficits extérieurs courants à des niveaux élevés, malgré une politique de compression des importations, et a entraîné de vastes besoins de financement qui ont été, dans une large mesure, satisfaits à travers la banque centrale. Les déficits budgétaire et extérieur se sont encore creusés en 2020, alors que les réserves internationales, qui demeurent à un niveau adéquat, ont baissé de 62,8 milliards de dollars en 2019 à 48,2 milliards de dollars à la fin de 2020 ».
« Il est urgent de recalibrer la politique économique pour corriger les déséquilibres macroéconomiques tout en protégeant et renforçant le soutien aux tranches les plus vulnérables de la population », recommande ainsi le FMI. Rappelant que la pandémie a « durement frappé » le pays, l’institution financière internationale a jugé que « la transition de l’Algérie vers un nouveau modèle de croissance requiert la mise en œuvre d’un vaste ensemble de réformes structurelles, dont des mesures visant à améliorer la gouvernance économique et à favoriser l’émergence d’un secteur privé dynamique et la création d’emplois ».
« La pandémie et la baisse concomitante de la production et des prix du pétrole ont eu de graves répercussions sur l’économie l’année dernière, entraînant une forte contraction du PIB réel de 4,9 % en 2020 », rappelle le communiqué publié à l’issue de la mission du FMI menée du 13 septembre au 3 octobre courant dans le cadre des consultations au titre de l’Article IV.
« L’inflation s’est accélérée pour atteindre 4,1% en moyenne annuelle en juin 2021, en partie sous l’effet d’une augmentation des cours internationaux des produits alimentaires et d’un épisode de sécheresse en Algérie », ajoute la même source qui prévoit que la croissance « devrait s’essouffler à moyen terme du fait de l’érosion probable de la capacité de production dans le secteur des hydrocarbures dans un contexte de réduction des projets d’investissements décidée en 2020, et des politiques actuelles qui limiteraient le crédit au secteur privé ».
« Il reste urgent de rétablir une stabilité macroéconomique et une marge de manœuvre, tout en protégeant les groupes les plus vulnérables et en soutenant la reprise », insiste encore le FMI qui enchaîne que « la persistance de déficits budgétaires élevés à moyen terme engendrerait des besoins de financement sans précédent, épuiseraient les réserves de change, et présenterait des risques pour l’inflation, la stabilité financière et le bilan de la banque centrale ». Globalement, la capacité des banques à prêter au reste de l’économie serait « fortement entravée, ce qui aurait des conséquences négatives pour la croissance ». Aussi, la mission FMI « recommande un ensemble complet et cohérent de politiques budgétaire, monétaire, et du taux de change afin de réduire les vulnérabilités de l’Algérie ». Dans ce sens, « un ajustement budgétaire général, qui donne en même temps la priorité aux mesures de protection des plus vulnérables, devrait être entamé en 2022 et s’échelonner sur plusieurs années pour maintenir la viabilité de la dette. Cet ajustement devrait être étayé par des politiques visant à améliorer le recouvrement des recettes, à réduire les dépenses et à accroître leur efficacité. Le financement monétaire devrait être interdit afin d’endiguer l’augmentation de l’inflation et l’épuisement rapide des réserves de change, tout en diversifiant les sources de financement budgétaire y compris à travers le recours à l’emprunt extérieur. Une plus grande flexibilité du taux de change contribuera à renforcer la résilience de l’économie aux chocs externes et un resserrement de la politique monétaire permettra d’endiguer les pressions inflationnistes ».
Autre urgence : « la mise en œuvre de réformes fondamentales visant à renforcer la transparence et la gouvernance des institutions juridiques, budgétaires et monétaires dans l’ensemble du secteur public ».
AY