Algérie: prison ferme pour plusieurs manifestants arrêtés lors du 118è vendredi du Hirak
Plusieurs manifestants, arrêtés vendredi dernier lors des marches du mouvement de protestation du Hirak, ont été condamnés dimanche à des peines de prison ferme, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
La même source a précisé que neuf manifestants, arrêtés à Skikda, ont été condamnés dimanche à un an de prison ferme avec mandat de dépôt, a précisé le CNLD.
Ces détenus ont été poursuivis pour « attroupement non armé », selon la même source, qui a relevé que le parquet avait requis « un an de prison ferme avec mandat de dépôt ».
A Alger, le tribunal de Bainem (Bab El Oued) a rendu son verdict dans le procès d’autres manifestants arrêtés le 21 mai.
Le même tribunal a prononcé des peine allant de 6 à 12 mois d’emprisonnement à l’encontre de 6 manifestants.
D’après la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), plus de 800 personnes ont été arrêtées en Algérie par les services de sécurité lors de la répression ayant eu lieu à l’occasion du 118e acte du mouvement de protestation populaire « Hirak ».
Ces arrestations ont été effectuées à travers 19 wilayas et ont mené à une quarantaine de gardes à vue dont une dizaine de femmes, a précisé Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) dans un tweet.
« Par le recours à la répression, le pouvoir avoue l’échec de sa solution politique, le Hirak n’est pas fini, il a déjà prouvé sa résilience », dénonce Saïd Salhi.
La justice algérienne a inculpé ces nouveaux prisonniers politiques de divers graves délits comme le classique « atteinte à l’unité nationale » ou la traditionnelle appartenance à « une organisation étrangère complotant contre l’autorité de l’Etat ».
Les griefs retenus contre les prévenus, selon les dossiers, concernent également « attroupement non armé », « rébellion », « trouble à l’ordre public » et « violation des dispositions sanitaires relatives à la Covid-19 », ainsi que « diffusion de publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national ».
La semaine dernière, l’Organisation non gouvernementale Amnesty International s’est insurgée contre l’utilisation par les autorités algériennes de la législation liée au terrorisme pour réprimer les manifestants.
« Nous sommes profondément préoccupés par cette affaire contre de courageux défenseurs des droits humains », a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Dans un communiqué, Guellali a estimé qu’il s’agit d’une « nouvelle tendance inquiétante des autorités algériennes utilisant la législation liée au terrorisme pour réprimer les droits à la liberté de réunion et d’expression pacifiques avant les élections prévues en juin ».
Selon elle, ces accusations ne sont qu’un écran de fumée pour réduire au silence la voix de ces défenseurs des droits humains et réprimer leur militantisme.
Par ailleurs, l’ONG a dénoncé une intensification alarmante des arrestations et répressions envers les militants du Hirak, arrêtés et poursuivis pour avoir participé à des manifestations pacifiques.
S.L. (avec MAP)