France: vive émotion après le décès d’une femme brûlée vive par son mari
Le décès d’une jeune femme à Mérignac, près de Bordeaux (sud), brûlée vive par son mari, a suscité une vive émotion en France et soulevé une vague d’indignations poussant le gouvernement à lancer une mission d’inspection.
Âgée de 31 ans, Chahinez Daoud, mère de trois enfants, a été tuée mardi dernier par son mari violent récidiviste.
Vers 18h10 mardi, en pleine rue, le mari dont elle était séparée depuis 2020, tire sur elle plusieurs coups de feu jusqu’à ce qu’elle s’effondre. Il l’asperge ensuite d’un liquide inflammable alors qu’elle était encore en vie et allume le feu, selon le parquet de Bordeaux et la police cités par les médias du pays.
L’auteur des faits a été interpellé environ une demi-heure plus tard et placé en garde à vue. Il « était porteur d’un fusil de calibre 12, d’un pistolet à gaz et d’une ceinture de cartouches », selon le communiqué du parquet de Bordeaux, qui a ouvert une enquête du chef d’homicide volontaire par conjoint et destruction par incendie.
Condamné le 25 juin 2020 pour « violences volontaires par conjoint », le mari violent avait écopé d’une peine de 18 mois de prison, dont neuf mois avec sursis.
Le 5 octobre, il obtient une mesure de placement extérieur spécifique pour les auteurs de violences conjugales. Libéré le 9 décembre 2020, « il était depuis suivi par le service pénitentiaire d’insertion et de probation de la Gironde ». Cette mesure « comprenait notamment une obligation de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime et l’interdiction de paraître à son domicile », selon le parquet.
Le 15 mars, la jeune femme porte plainte au commissariat de Mérignac pour une agression commise par son conjoint dans la matinée. Une enquête en flagrance est alors ouverte mais malgré les recherches des services de police pour localiser l’intéressé, celui-ci restait introuvable.
« La victime ne disposait pas de téléphone grave danger (TGD) et le mis en cause ne s’était pas vu attribuer de bracelet anti-rapprochement », a reconnu le parquet. Une aberration qui a suscité l’indignation des associations féministes qui ont mis en cause l’action de l’Etat.
Face à la polémique, les ministères de la Justice et de l’Intérieur ont déclenché jeudi une mission d’inspection. Cette mission, qui devra rendre ses premières conclusions le 11 mai, devra « vérifier les modalités de mise en œuvre de la mesure de sursis probatoire dont le mis en cause a fait l’objet », « examiner si cette prise en charge a été correctement effectuée et suivie » et « analyser les suites réservées à la plainte du 16 mars 2021 déposée par la victime », ont détaillé les ministères dans un communiqué conjoint.
En 2020, 90 féminicides ont été officiellement recensés en France, contre 146 l’année précédente.
S.L. (avec MAP)