Les Algériens de nouveau dans la rue pour réclamer le départ du régime
Des milliers de manifestants algériens sont descendus vendredi dans la rue pour dénoncer la « répression » et réclamer le « départ du régime ».
Ces manifestations interviennent moins d’une semaine après avoir réinvesti les rues à l’occasion du deuxième anniversaire du Hirak, pour confirmer aujourd’hui le retour de la mobilisation populaire en renouant avec les marches du vendredi.
Dès les premières heures de la matinée, un dispositif sécuritaire sans précédent a été déployé au niveau des axes menant vers les grandes villes, notamment la capitale Alger, Oran, Annaba, Alger, Tizi-Ouzou, Bouira ou Béjaia et devant toutes les mosquées, point de départ de ces manifestations de colère.
Ces axes routiers, habituellement fluides en ce premier jour du week-end, étaient chargés. Policiers et gendarmes contrôlaient la situation à la recherche de « personnes suspectes ».
Le Comité nationale pour la libération des détenus (CNLD) a fait état d’interpellations à Oran et Skikda, alors qu’a Annaba, plusieurs manifestants dont des femmes ont été arrêtés, selon le journaliste algérien Mustapha Bendjama, à la place de la Révolution.
A Alger, les premiers groupes des manifestants se sont regroupés à la place du 1er mai en scandant, entre autres, « à bas le régime militaire » et » le peuple s’est libéré et veut son indépendance ».
Dans d’autres villes, des centaines de citoyens protestent en ce moment dans les rues pour réclamer « un état civil, non militaire ».
Selon le journaliste algérien, Amar Fedjkhi cité par les médias locaux, la ville de Bouira est quadrillée par les policiers. Plusieurs manifestants ont été arrêtés avant même le début de la protestation.
Lundi dernier à l’occasion du 2è anniversaire du début du Hirak, ce mouvement de protestation qui a chassé le président algérien Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne sans partage, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues d’Alger et de plusieurs villes du pays.
Depuis 2019, les revendications des militants sont identiques mais le mouvement populaire de protestation a été fragilisé par le Covid-19 et les tentatives du régime de l’affaiblir.
En 2019, des centaines de milliers de manifestants avaient envahi les rues d’Alger après plusieurs jours de contestation dans d’autres villes du pays, signe d’un ras-le-bol de la population vis-à-vis d’une classe dirigeante jugée « corrompue ».
Ce soulèvement populaire, inédit depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, avait conduit le 2 avril 2019 à la chute du président Abdelaziz Bouteflika, alors au pouvoir depuis deux décennies et candidat à un cinquième mandat.
L’année dernière, la pandémie de Covid-19 avait mis un coup d’arrêt au mouvement. Les militants avaient décidé de suspendre la mobilisation après un dernier vendredi d’action, le 28 février 2020, mais la mobilisation s’est ravivée ce lundi avec le deuxième anniversaire du Hirak.
Des milliers de manifestants ont défilé à Alger et d’autres rassemblements ont eu lieu dans le pays, à la suite d’appels à manifester lancés sur les réseaux sociaux.
« Nous ne sommes pas venus pour célébrer le deuxième anniversaire du Hirak, mais réclamer votre départ », ont notamment scandé les protestataires.
Comme deux ans auparavant, les militants réclament un profond changement du système politique en place, veulent se débarrasser de la corruption et exigent plus de libertés, ainsi que l’instauration d’un Etat civil.
S.L. (avec MAP)