France: le « passeport vaccinal » fait débat
Pour ou contre le passeport vaccinal ? En France, comme dans de nombreux autres pays, la question fait débat.
Faut-il créer un passeport vaccinal pour pouvoir reprendre sa vie normale d’avant Covid-19 ? Pour pouvoir voyager à l’étranger. Pour pouvoir accéder à certaines activités ? Si le débat est jugé prématuré par l’exécutif, l’idée commence à se frayer son petit bonhomme de chemin et se retrouve propulsée sur le devant de la scène, examinée, débattue et décortiquée sous tous les angles: sanitaire, éthique, juridique… par les experts et autres spécialistes sur les plateaux TV ou sur les colonnes de journaux.
Pour connaître l’avis des Français, une consultation en ligne vient même d’être lancée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Son objectif est de recueillir le sentiment des Français. Pour ce faire, le CESE a créé un site et pose une seule question : « Que pensez-vous du passeport vaccinal ?. »
Ouverte jusqu’au 7 mars, cette consultation permettra aux Français de se prononcer et de dire s’ils sont favorables ou non à sa mise en place. Pour cela, ils doivent choisir entre cinq réponses: très favorable, favorable, mitigé, défavorable ou très défavorable. Par la suite, les avis recueillis seront transmis à l’exécutif à titre indicatif.
Mais l’instauration d’un « sauf conduit » vaccinal divise la société en France. Pour Dominique Le Guludec, présidente de la Haute autorité de santé (HAS), le passeport vaccinal « n’a pas de sens » dans la mesure où « on ne sait pas si ce vaccin bloque la transmission du virus ». A cela s’ajoute le phénomène des nouveaux variants du virus.
Côté gouvernement, le débat est jugé « prématuré » voire « choquant ». Pour le Secrétaire d’État chargé du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne, le débat est « encore prématuré », car « personne ne connaît encore la durée du vaccin ». « Il y a beaucoup d’emballement sur cette notion de passeport vaccinal », regrette-t-il.
De plus « conditionner la liberté d’aller et de venir, de voyager à un passeport vaccinal soulève un certain nombre de questions d’ordre éthique », estime le ministre. Outre le fait que cela pourrait instaurer « une discrimination envers les personnes non vaccinées ». « Aujourd’hui, la priorité des priorités, c’est la vaccination ».
D’ailleurs, a dit le ministre dans une interview au journal le Figaro, le président Emmanuel Macron a souhaité, lors du dernier sommet européen, que le sujet soit traité avec une grande prudence.
Même son de cloche chez Roselyne Bachelot, ministre de la Culture qui s’oppose elle aussi à l’instauration d’un tel document, estimant qu’il s’agit d’ »une atteinte à nos libertés ».
Le même point de vue est partagé par le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune qui a fait part de sa réticence, estimant lui aussi que le débat « n’a pas lieu d’être ».
Pourtant, la majorité des Français semble favorable à ce « sésame » qui leur permettrait de retrouver leur vie d’antan. Selon un sondage Ifop, réalisé pour la société Lemon, en partenariat avec le journal Le Parisien, 62 % des Français se disent favorables à ce que la vaccination soit obligatoire pour voyager à l’étranger.
Toutefois un micro-trottoir réalisé par TF1 montre que les Français sont partagés sur cette mesure. Si certains pensent qu’il s’agit d’une bonne idée, d’autres ont fait part de leur crainte que ce dispositif ne restreigne les libertés ou qu’il soit une façon détournée de rendre obligatoire le vaccin.
Les opérateurs touristiques, lourdement impactés par la crise sanitaire, sont, eux, pleinement favorable à cette mesure. Le PDG de Voyageurs du Monde, Jean-François Rial prône même la mise en place d’un « document électronique pour pouvoir s’adapter à chaque situation, à toutes les politiques sanitaires de tous les pays du monde ».
Il s’agirait, selon lui, d’un certificat sanitaire qui regrouperait pour chaque personne les données relatives à la vaccination, mais aussi aux tests PCR et antigéniques.
Si pour le moment le gouvernement français semble réticent à l’instauration d’un « passeport vaccinal », il risque, de l’avis des observateurs, d’être rattrapé par la réalité lorsque d’autres pays vont l’exiger, ou l’exigent déjà, pour pouvoir accéder à leur territoire, et qu’il deviendra une condition sine qua non pour la reprise économique.
S.L. (avec MAP)