Perspectives économiques: l’Algérie parmi les pays « à risque très élevé »
La Compagnie française d’assurances pour le commerce extérieur (Coface) vient de classer l’Algérie dans la catégorie D, qui concerne « les pays à risque très élevé », en jugeant « incertaines » ses perspectives économiques et financières.
« Le contexte politique peut être instable. La problématique moyenne de défaut des entreprises est élevée », lit-on dans la dernière appréciation de l’assureur-crédit français du risque pays.
Relayée par les médias algériens, ce document souligne que la prévalence de la pauvreté, le manque d’opportunités d’emploi et le contexte économique difficile alimenteront probablement le mécontentement.
Il a estimé que la persistance des difficultés du secteur des hydrocarbures devrait peser sur la croissance économique de ce pays pétrolier.
Sur le plan de l’environnement des affaires, l’assureur-crédit français pointe l’Algérie à la catégorie C, estimant que la fiabilité et la disponibilité des bilans d’entreprise sont très variables et que le recouvrement de créances est parfois difficile.
Dans son appréciation du risque, la Coface a estimé que l’activité devrait repartir progressivement cette année, prévoyant une croissance de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2021, après une récession enregistrée en 2020 (-6,5%).
Il a noté que malgré une modeste augmentation des quotas de production de l’OPEP, les contraintes imposées par cet accord continueront de brider la production pétrolière en 2021.
La Coface a fait état d’une hausse du chômage (16,5% en 2020 contre 12% en 2019) et d’une baisse des envois de fonds de la diaspora (1,1% du PIB) et de la consommation des ménages (44% du PIB).
Elle a noté que les investissements (37% du PIB), notamment publics, « ne devraient que légèrement reprendre en raison des conditions budgétaires toujours difficiles et des incertitudes économiques.
Malgré les coupes dans les dépenses en capital ou courantes (hors subventions représentant plus de 8% du PIB), relève la Coface, « le solde public, traditionnellement déficitaire, s’est creusé », précisant qu’il est évalué à -13,5% du PIB en 2020.
« Avec la Covid-19, le gouvernement a augmenté ses dépenses en matière de santé (0,2% du PIB), mais aussi en aides sociales et économiques dans le cadre d’un plan de soutien (1% du PIB), a-t-elle rappelé.
Dans le même temps, les recettes fiscales (provenant à 41 % des hydrocarbures) ont chuté, souligne l’organisme français.
En 2021, le solde public ne devrait que légèrement reculer, à -12%, « car les dépenses pour soutenir l’économie resteraient élevées, alors que les recettes n’augmenteraient que faiblement, a affirmé l’assureur-crédit.
« L’endettement extérieur demeurera faible (moins de 1% du PIB), même si l’Algérie peut solliciter l’aide multi ou bilatérale pour financer l’important déficit », relève la Coface.
Par ailleurs, la dette publique devrait augmenter pour atteindre 66,6% du PIB cette année contre 57,2% l’année passée.
Le déficit courant s’est également creusé, constate l’assureur-crédit français, causé par l’important déficit commercial, plus conséquent après la crise et la baisse des exportations d’hydrocarbures.
Il a atteint 13% du PIB en 2020 contre 10,1% en 2019, a-t-il estimé, ajoutant qu’en 2021, le déficit ne devrait que modestement se réduire à 11,5%.
« Ce déficit continuera d’être financé en ponctionnant les réserves de change qui ont fortement reculé (équivalentes à douze mois d’importations à fin 2019, elles n’en représenteraient que huit à fin 2020), poursuivant leur chute depuis 2014 », a-t-elle souligné.
Les investissements directs étrangers (IDE) resteront faibles, prévoit, par ailleurs l’assureur-crédit français, relevant que la tiédeur des investisseurs pour le secteur des hydrocarbures devrait, également, perdurer.
S.L. (avec MAP)