Covid-19: les cas explosent en Espagne
Plus de 38.000 infections ont été signalées mercredi, 35.800 jeudi et 40.200 vendredi. Le nouveau coronavirus se propage dans toute l’Espagne et la marge de manœuvre pour l’arrêter s’épuise. Après l’assouplissement des mesures – et leur application pendant la période de Noël -, les régions autonomes se sont à nouveau resserrées avec des restrictions plus strictes pour contenir cette troisième vague.
Les tambours d’un nouveau confinement à domicile sonnent fort, mais personne n’ose franchir le pas. Le gouvernement est conscient que c’est la mesure la plus efficace contre la propagation du virus, mais les dommages professionnels, sociaux et psychologiques liés à son application sont très élevés.
Cinq régions autonomes ont déjà réclamé la semaine dernière au gouvernement central de mettre en place un confinement strict, alors que les cas de Covid-19 explosent en Espagne depuis les fêtes de Noël.
Même le parti de l’opposition, Ciudadanos, a offert son soutien pour modifier le décret sur l’état d’urgence sanitaire, en vigueur jusqu’au mai prochain, et activer un arrêt total des activités. En plus, au sein des ordres des médecins, des épidémiologistes et des professionnels de la santé, le débat est ouvert, même si la plupart est favorable à un confinement dur et court.
Toutefois, le gouvernement de coalition conduit par le socialiste Pedro Sanchez exclut pour l’instant un nouveau confinement pour lutter contre la troisième vague de Covid-19.
« Nous n’envisageons actuellement aucun confinement à domicile », a insisté le ministre de la Santé, Salvador Illa lors d’une conférence de presse, écartant ainsi le plan avancé par de nombreux autres pays comme la Grande-Bretagne, qui a reconfiné sa population.
« La situation est très préoccupante » mais désormais « nous avons de l’expérience et nous savons comment faire fléchir cette courbe » de contagions, a martelé Illa.
Par contre, le responsable espagnol a indiqué que le gouvernement est disposé à « revoir » la frange horaire prévue pour le couvre-feu, suite aux réclamations de plusieurs communautés autonomes d’avancer le début de la limitation de la circulation, plus particulièrement Castille-Leon.
Pour Illa, les régions ont le feu vert pour durcir ou alléger les mesures déjà prises sur le plan national pour décréter ce que d’autres pays appellent l’ « enfermement », tout en rappelant que le décret d’état d’urgence sanitaire permet aux régions de fixer leur couvre-feu entre 22H00 et 07H00, avec une tolérance d’une heure en plus ou en moins.
Pour le gouvernement, l’état d’alerte donne des résultats favorables et met à la disposition des communautés autonomes les outils nécessaires pour gérer la situation épidémiologique, limiter ou restreindre la mobilité sur leurs territoires avec des fermetures de périmètre, des restrictions de mobilité nocturne et des restrictions de réunions, outre la fermeture des commerces.
Les données disponibles en Espagne, un pays qui a dépassé déjà la barre symbolique de deux millions de cas, démontrent que « pour le moment, il n’y a pas besoin de confinement à domicile », a estimé Illa, dans des déclarations rapportées par les médias.
Les messages rassurants du gouvernement ne dissipent pas le malaise de plusieurs régions espagnoles qui insistent sur un reconfinement à domicile pour une période limitée afin de juguler l’avancée du virus et pouvoir reprendre la vie normale d’ici l’été prochain.
Les professionnels de la santé et plusieurs communautés autonomes accusent le gouvernement de privilégier les intérêts économiques plutôt que les considérations sanitaires dans sa stratégie anti-Covid.
Avec la hausse des cas, la pression monte sur le gouvernement qui compte vacciner 70% des 47 millions d’Espagnols d’ici à l’été pour garantir une immunité collective.
S.L. (avec MAP)
