Espagne: crainte d’une deuxième vague épidémique
La décision de fermer complètement certaines zones de la Catalogne et de la Galice après l’augmentation du nombre de cas de coronavirus au cours des deux derniers jours a suscité de réelles craintes parmi les Espagnols d’une deuxième vague de l’épidémie qui pourrait être plus violente que la première.
En dépit de cette situation, les autorités espagnoles, ayant déjà entamé la relance économique, poursuivent leurs efforts pour sauver l’économie de l’effondrement et en même temps garantir la sécurité sanitaire des citoyens, un exercice d’équilibre délicat pour gagner le pari de retrouver la normalité avec les meilleures garanties sanitaires.
En effet, la décision des autorités locales de Catalogne (Nord-est de l’Espagne) d’ordonner le reconfinement de la zone del Segria, près de Lleida, sur la base de données confirmant une croissance très importante du nombre de cas de contagion de Covid-19 lors des derniers jours, prouve que le virus n’est pas encore sous contrôle.
Cette décision a été prise après l’enregistrement jusqu’à vendredi d’un total de 4.030 cas de coronavirus, soit 60 de plus que jeudi, dans cette zone de 200.000 habitants.
« On ne peut ni entrer ni sortir » de cette zone, a indiqué le département régional de l’Intérieur, précisant que la circulation n’est pas restreinte à l’intérieur de la zone elle-même mais il y est recommandé de « minimiser les déplacements », « d’utiliser un masque dans la rue » et de respecter la distanciation sociale.
Un hôpital de campagne a été mis en place près du centre de santé de Lleida pour accueillir toutes les personnes présentant des symptômes.
Un jour après la prise de cette mesure, les 70.000 habitants d’une région côtière de la communauté autonome de Galice ont été à nouveau soumis à des règles de confinement à partir de dimanche et ce en raison d’une hausse de contaminations au nouveau coronavirus. Ainsi, les habitants des 14 localités de la zone d’A Mariña, relevant de la province de Lugo, ne pourront pas sortir de la zone, se réunir à plus de 10 personnes, et la capacité d’accueil des lieux clos sera révisée à la baisse.
L’évolution de la situation épidémiologique dans plusieurs régions du pays a conduit le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, à rassurer les Espagnols, tout en appelant à la prudence et la vigilance.
« Il faut vivre avec le virus sans baisser la garde, tout en réactivant l’économie et les entreprises », a-t-il insisté.
La détection précoce de ces nouveaux foyers de coronavirus au cours des dernières semaines montre que le système de santé « est bien mieux équipé et préparé qu’il ne l’était en mars dernier », a souligné Sanchez depuis Bilbao.
Il semble que le président du gouvernement espagnol cherche à résoudre l’équation combinant relance économique et préservation de la santé des citoyens à travers le contrôle des nouveaux foyers de contamination et l’adoption d’une batterie de mesures économiques et sociales pour redonner de la vie aux secteurs vitaux du tissu économique du pays.
En plus de la levée de l’état d’alerte, la réouverture des frontières terrestres et le rétablissement des liaisons aériennes, notamment avec les pays de la zone Schengen, l’Espagne a mis en place des stratégies pour venir en aide au secteur touristique avec un plan de relance de 4,2 milliards d’euros.
Le secteur de l’automobile, l’un des plus affectés par cette crise sanitaire, a bénéficié également d’une stratégie d’une enveloppe de 3,75 milliards d’euros, outre la mise en place d’un fonds de 16 milliards d’euros pour soutenir les communautés autonomes dans leurs efforts de lutter contre la pandémie.
Dans le sillage de cette même volonté, le Conseil des ministres espagnol a adopté, vendredi, une série de mesures urgentes de soutien à la reprise économique et à l’emploi.
Ces mesures comprennent la création d’une nouvelle ligne de garantie de 40 milliards d’euros de l’Institut officiel de crédit. Cette nouvelle ligne vise à stimuler l’activité d’investissement et à la promouvoir dans les domaines où elle génère une plus grande valeur ajoutée, autour de deux axes principaux : la durabilité environnementale et la numérisation.
Le Conseil des ministres a également approuvé la création d’un Fonds de soutien pour la solvabilité des entreprises stratégiques. Il s’agit d’un nouvel instrument qui sera doté de 10 milliards d’euros pour renforcer la solvabilité des sociétés non financières affectées par la pandémie de COVID-19.
Les prochaines semaines mettront donc à rude épreuve le plan adopté par l’Espagne qui parie sur la relance économique tout en garantissant la sécurité sanitaire de ses citoyens.
S.L. (avec MAP)