Monde

Affaire Khashoggi : des enregistrements audio dévoilés

Le quotidien turc Sabah a diffusé une retranscription détaillée des derniers moments avant l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, l’année dernière à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul.

Les enregistrements, obtenus par les services de renseignement turcs et rendus publics lundi dernier, détaillent les conversations entre le journaliste saoudien et un commando de 15 personnes, quelques moments avant son assassinat le 8 octobre 2018.

Khashoggi, contributeur du Washington Post qui vivait aux États-Unis, s’était rendu au consulat de son pays afin de collecter des documents pour son futur mariage avant qu’il ne soit tué et démembré.

Quelques minutes avant que Khashoggi ne pénètre dans le consulat, un sécuritaire, Maher Abdulaziz Mutreb demande: « Est-ce qu’on pourra mettre le corps dans un sac ? ». Salah Mohammed Abdah Tubaigy, médecin légiste travaillant pour le ministère saoudien de l’Intérieur, répond: « Non. Trop lourd, et trop gros aussi ». Il ajoute: « En fait, j’ai toujours travaillé sur des cadavres. Je sais très bien comment les démembrer. Bien que je n’ai jamais travaillé sur un corps encore chaud, j’y arriverai facilement. Normalement, je mets mes écouteurs et écoute de la musique quand je découpe un cadavre. Après le démembrement, vous mettrez les morceaux dans des sacs en plastique puis dans des mallettes et vous les sortirez ».

En entrant dans le consulat, Khashoggi est accueilli par Mutreb avant d’être conduit dans une pièce. S’ensuit un échange d’une dizaine de minutes. Mutreb prétend qu’il y a un ordre de la part d’Interpol pour que Khashoggi soit ramené à Riyad, puis demande à celui-ci d’écrire un message à son fils pour qu’il ne s’inquiète pas. Les hommes de main droguent alors le journaliste saoudien dont les derniers mots seront: « Je fais de l’asthme. Ne le faites pas, vous m’étoufferiez ».

On peut par la suite entendre une scie démembrant le corps du journaliste âgé de 59 ans. Le corps n’a toujours pas été retrouvé.

La Turquie avait appelé au « meurtre prémédité » orchestré par le gouvernement saoudien. Niant dans un premier temps toute implication, Riyad évoquera plus tard une opération menée par des éléments hors de contrôle. Onze personnes ont été suspectées, la peine de mort est requise pour cinq d’entre elles.

Moncef El Arch

 


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