La phrase choc de Valls: « Marianne n’est pas voilée parce qu’elle est libre »
« Vers où Nicolas Sarkozy est-il prêt à emporter le pays pour l’emporter ? (…) C’est une menace considérable. C’est un programme brutal, d’affrontements, qui vise les corps intermédiaires et notre modèle social », a déclaré le Premier ministre, pour qui M. Sarkozy, entré officiellement en campagne la semaine dernière, est celui « qui impose à toute la droite son agenda, ses thèmes et sa dérive ».
Eric Ciotti, porte-parole du candidat Sarkozy, a dénoncé dans la soirée le « dérapage » de Manuel Valls. « L’outrance et l’insulte ne peuvent constituer la bouée de sauvetage d’une gauche en plein naufrage », a-t-il déclaré dans un communiqué. Dramatisant l’enjeu de la présidentielle -« jamais sous la Ve République une élection n’aura été aussi importante, complexe et périlleuse » – Manuel Valls a souligné « l’immense responsabilité » de la gauche dans ce « moment historique » marqué par le surgissement d' »un totalitarisme islamiste », la menace d’une « dislocation de l’Europe », la « trumpisation des esprits ».
« Si nous partons divisés, nous perdrons à coup sûr », a-t-il mis en garde en dénonçant -à destination d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon- la « surenchère des diviseurs » et « les attaques outrancières … parfois intolérables, à l’égard même du chef de l’État ! » « On ne s’improvise pas candidat(…) L’époque, réclame du sérieux, de l’expérience, de l’autorité, et aussi une capacité d’incarner l’espérance », a lancé le Premier ministre, en précisant vouloir « à la place qui est la (s)ienne (…) aider la gauche à inventer en toute liberté ».
Manuel Valls, qui s’exprimait devant un aréopage d’une douzaine de ministres, et environ un millier de militants dans ce fief de la gauche, a souligné la nécessité d’avoir « un projet, une vision » qui donne envie aux Français de « donner un nouveau quinquennat à la gauche ». Redisant son attachement à une « République ferme et généreuse, forte et bienveillante », il a estimé qu’il faudrait « aller plus loin » en matière d’égalité, d’efficacité économique, de solidarité.
« Marianne n’est pas voilée »
Alors que Manuel Valls s’est retrouvé isolé la semaine dernière au sein de son propre gouvernement sur la question du « burkini », il a réaffirmé son attachement indéfectible à la « liberté » des femmes. « Sur la place des femmes, nous ne pouvons transiger », a dit l’ancien maire d’Évry qui s’est livré à une envolée : « Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre. C’est ça, la République ».
S’exprimant à la tribune avant lui, Najat Vallaud-Belkacem s’est attachée à minimiser le désaccord entre elle et le chef du gouvernement à ce sujet: « Je suis révoltée quand j’entends des voix qui voudraient nous opposer ». La ministre de l’Education nationale a, comme M. Valls, mis en garde les candidats à la primaire: « Ne faisons pas de ce moment un moment d’autodestruction ». Le ministre de l’Agriculture a de son côté ironisé sur le « contre-meeting » auquel avait appelé une intersyndicale CGT-FSU-Solidaires-Unef-Fidl-UET (Union des étudiants de Toulouse) devant la mairie de Colomiers.
« Il y a toujours eu des chafouins (…) des grincheux (…) des gens jamais contents », a-t-il raillé, en appelant les opposants à la gauche de gouvernement à prendre conscience que « l’alternative ne se jouera pas au sein de la gauche ». Environ 400 personnes, selon la police, s’étaient réunis à partir de 17 heures pour dénoncer « la trahison de la gauche ». « Ci-gît le Parti socialiste », proclamait une pancarte brandie dans la foule.
(avec AFP)