L’interdiction du burkini suspendue par la justice française
Le conseil d’Etat français, juridiction la plus haute du droit administratif français, a ordonné ce vendredi la suspension d’un arrêté anti-burkini pris par la ville de Villeneuve-Loubet (Alpes Maritimes).
S’exprimant jeudi pour la première fois sur le sujet, le président François Hollande s’est bien gardé de s’avancer: il a appelé à ne céder ni à la « provocation » ni à la « stigmatisation », mettant en avant le « grand enjeu » de « la vie en commun » dans le pays qui compte la plus importante communauté musulmane d’Europe.
Face aux « passions » politiques, « vous devez être la boussole qui indique le chemin des libertés », avait réclamé l’avocat de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Me Patrice Spinosi, jeudi lors de l’audience au Conseil d’Etat.
Féministe et opposée au burkini, la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem a estimé que « la prolifération » des arrêtés n’était « pas la bienvenue », tandis que sa collègue de la Santé, Marisol Touraine, y voyait une « stigmatisation dangereuse pour la cohésion de notre pays ».
Ces arrêtés « ne sont pas une dérive » a rétorqué le Premier ministre Manuel Valls, pour qui il n’est toutefois pas question de légiférer.
Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, veut au contraire inscrire dans une loi l’interdiction des signes religieux dans les entreprises, les administrations, les universités. Le Front national a dans la foulée demandé d’étendre à l’ensemble de l’espace public l’interdiction du port du voile.
Le burkini s’inscrit dans un débat récurrent en France sur la place de l’islam, émaillé de polémiques et de lois. Le pays a été le premier en Europe à interdire, en 2010, le voile intégral dans tout l’espace public. Le foulard islamique avait auparavant, en 2004, été banni dans les écoles, collèges et lycées publics.
(avec AFP)