Monde

MBS mis en cause par l’ONU dans l’affaire Khashoggi

C’est une déclaration choc qui a été diffusée ce mercredi par une experte des droits de l’Homme de l’ONU. Agnès Callamard a enquêté pendant plusieurs mois sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

Dans un rapport, elle évoque des « preuves suffisantes pour ouvrir une enquête sur la responsabilité de hauts responsables saoudiens, dont Mohammed ben Salmane ».

L’ONU pourrait donc mettre en place une enquête pénale internationale sur la mort de Jamal Khashoggi, estime mercredi Agnès Callamard, qui pense que l’Arabie saoudite est responsable de ce meurtre.

Selon l’agence Belga, le rapport d’Agnès Callamard, rappelle que la mort du journaliste constitue une « exécution extrajudiciaire » et que le chef des Nations unies, Antonio Guterres, « devrait lui-même être en mesure d’ouvrir une enquête pénale internationale de suivi sans qu’un Etat n’ait à intervenir ».

« La justice ne doit pas uniquement établir la responsabilité de l’auteur physique du crime. Une enquête judiciaire vise également à identifier les personnes qui, dans le contexte de la perpétration d’une violation, ont abusé des responsabilités de leur poste d’autorité ou ne les ont pas remplies », ajoute le rapport cité par l’AFP.

Une nouvelle qui intervient étrangement juste après les déclarations de Mohammed ben Salmane, qui a prévenu dimanche « tous ceux qui exploitent » l’affaire Khashoggi.

« La mort de Jamal Khashoggi est un crime très douloureux », a déclaré le prince héritier saoudien dans un entretien accordé au quotidien Asharq al-Awsat, relayé par l’AFP. « Tous ceux qui exploitent l’affaire sur le plan politique doivent présenter des preuves au tribunal », a-t-il insisté.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait lancé que son pays n’avait pas révélé tous les éléments sur la disparition tragique du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi.

« La Turquie n’a toujours pas divulgué tous les éléments concernant l’enquête sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul », a-t-il affirmé lors d’un passage sur la chaîne A-Haber.

Pour sa part, le président américain Donald Trump a refusé de s’exprimer devant le Congrès américain sur le rôle du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane dans cet assassinat.

Notons que selon le Washington Post, les enfants de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien assassiné à Istanbul le 2 octobre 2018, ont reçu des maisons et des indemnités conséquentes de la part de l’Arabie saoudite. Les enfants du journaliste vivent tous en dehors de l’Arabie saoudite, sauf Salah, banquier de profession.

Le journal évoque une maison d’une valeur estimée à 4 millions de dollars, à l’ouest de l’Arabie saoudite et des mensualités de plus de 10.000 dollars pour les quatre enfants de Khashoggi. Des sommes qui pourraient devenir encore plus conséquentes à la fin du procès en cours.

Rappelons également qu’un documentaire d’Al Jazeera Arabic a annoncé que le corps du journaliste saoudien aurait été brûlé dans un grand four dans la résidence du consulat saoudien à Istanbul. D’après l’ouvrier qui a construit ce four, ce dernier résistait à des températures supérieures à 1000°C. «Suffisamment chaud pour faire fondre du métal», a-t-il précisé, ajoutant que cette option a été exigée par le consul saoudien.

Les autorités turques, de leur côté, ont annoncé que de grandes quantités de viande ont été grillées dans ce four après l’assassinat de Jamal Khashoggi afin de couvrir la crémation du corps du journaliste. Elles ont également précisé que des traces du sang de la victime ont été découvertes sur les murs du bureau du consul après avoir retiré la peinture appliquée par l’équipe de l’assassinat. «Une astuce pour cacher toute preuve», précise-t-on dans le documentaire.

Selon la même source, le chef des services de renseignements turcs Hakan Fidan était le premier à avoir contacté les responsables saoudiens pour savoir où se trouvait Khashoggi. Il a même appelé le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohamed Ben Salmane, lui demandant de révéler ce qui est arrivé au journaliste.

L’Arabie Saoudite avait finalement admis, en octobre dernier, que Jamal Khashoggi avait été tué au consulat saoudien d’Istanbul. 11 personnes ont été accusées d’être impliquées dans l’assassinat du journaliste par le parquet saoudien.

N.M. et S.L.


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