Pourquoi l’Egypte s’est-elle réjouie de la tentative de coup d’Etat en Turquie?
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a été écarté du pouvoir par un coup d’Etat… pouvaient lire samedi matin les Egyptiens en découvrant les gros titres de certains journaux.
« L’armée turque renverse Erdogan », titrait à sa une le quotidien étatique Al-Ahram.
« L’armée prend le contrôle de la Turquie et destitue Erdogan », annonçait le quotidien privé Al-Watan, qualifiant de « désobéissance militaire » la tentative de coup d’Etat.
Vendredi peu avant minuit en Turquie (21h00 GMT, 23h00 au Caire), l’armée turque avait annoncé avoir pris le pouvoir alors que des chaînes d’information turques faisaient état d’une « tentative de coup d’Etat ».
Après quelques heures de confusion, le gouvernement turc avait annoncé l’échec de cette tentative de putsch, qui a fait au moins 265 morts.
M. Erdogan est un important soutien de la confrérie des Frères musulmans de Mohamed Morsi, premier président d’Egypte démocratiquement élu et destitué par l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Sissi en 2013.
Plusieurs dirigeants des Frères musulmans se sont exilés en Turquie, fuyant une vague de répression sanglante contre les islamistes après la destitution de M. Morsi.
Depuis 2013, M. Erdogan a dénoncé à de nombreuses reprises ce qu’il a qualifié de « coup d’Etat » en Egypte, s’attirant les foudres du Caire.
Quand les premières informations sur la tentative de coup d’Etat en Turquie ont commencé à se répandre, certains présentateurs de télévision égyptiens n’ont pas masqué leur joie.
« Ce qui se passe en Turquie n’est pas un coup d’Etat. Absolument pas ! C’est une révolution (menée) par l’armée turque. Et quand l’armée turque mène une révolution, elle gagne toujours ! », s’est ainsi enthousiasmé Ahmed Moussa, animateur d’un programme de télévision progouvernemental sur la chaîne privée Sada el-Balad.
L’Egypte a bloqué samedi une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU qui devait dénoncer la tentative de coup d’Etat en Turquie, ont indiqué des diplomates.
Les Etats-Unis, suite à des consultations avec Ankara, avaient proposé vendredi un projet de déclaration insistant sur le « respect du gouvernement démocratiquement élu en Turquie ». Mais l’Egypte a élevé des objections sur ce point.
L’Egypte est un des membres non permanents du Conseil et ses relations avec le gouvernement du président turc Recep Tayyip Erdogan sont tendues.
Au cours des discussions au Conseil, l’Egypte a affirmé « qu’il ne revenait pas au Conseil de déterminer si le gouvernement (turc) est démocratiquement élu » et a demandé la suppression de cette mention, a expliqué un diplomate. Malgré l’insistance des Etats-Unis, l’Egypte a maintenu son blocage.
(avec AFP)