Ces femmes imams qui dirigent la prière dans les mosquées (photos)
Par Soraya Adny
Pendant que le ministère marocain des Habous autorise de très jeunes garçons à devenir imams, en Occident ce sont les femmes qui prennent la relève.
En Amérique du Nord et en Europe, de plus en plus de prières et de prêches sont faits par des femmes imams. Ce phénomène s’impose petit à petit. Trois d’entre elles ont fait sensation :
Naïma Gohani
L’imam Naïma Gohani, Italienne d’origine marocaine vivant en Toscane, se propose d’une manière pacifique à guider la prière mixte dans la mosquée de la Colle Val d’Elsa, près de Sienne. Confrontée chaque jour une opposition féroce des conservateurs, la courageuse Naïma Gohani estime qu’ «une femme doit avoir le droit de présider la prière, à partir du moment où elle est plus compétente qu’un homme».
Sherin Khankan (voir photo de une et photos ci-dessous)
Nouvelle venue dans le cercle des imams au féminin, cette jeune Syro-finlandaise a inauguré, le mois dernier, une mosquée d’un nouveau genre à Copenhague. En effet, cette mosquée baptisée «Miriam» jouit d’un statut spécial : même si elle recueille des échos très positifs, son adresse reste jusqu’à ce jour confidentielle et ce lieu de culte est réservé aux femmes.
Certes son défi n’est pas aussi osé que celui de Naïma Gohani, décidée à diriger des lieux de prières réunissant hommes et femmes, mais c’est déjà un pas et un moyen de défier les structures patriarcales.
Amina Wadud
L’imam Amina Wadud est la plus coriace de toutes ! Sévèrement critiquée aux Etats-Unis, elle est professeure d’études islamiques à l’université du Commonwealth, en Virginie. Elle vit entre sa passion pour l’islam et les menaces de mort qui lui parviennent quotidiennement de la part des conservateurs extrémistes musulmans. La cause ? Amina Wadud a transformé, en 2005, le temps d’une journée, une église en mosquée, afin de présider le prêche du vendredi. Son geste jugé inacceptable par les extrémistes a provoqué leur ire et depuis ils lui livrent une guerre «sainte» sans merci.
Un appel à l’égalité
Que ce soit aux Etats-Unis, au Danemark ou en Italie, ces femmes ont démontré au plus haut point qu’elles pouvaient prendre les commandes et accomplir la mission d’un imam. Pour elles, l’imamat ne se restreint pas à la prière, il ambitionne de faire accéder les femmes au leadership et d’aider à l’intégration des jeunes générations issues de l’immigration en impulsant un islam réformiste en phase avec le contexte occidental.
Dans le monde arabe, l’Egypte est le seul pays qui propose aux femmes de se présenter à des concours spéciaux. 52 imams femmes pourront diriger la prière pour un public exclusivement féminin. Leur rôle ne se limite pas au prêche, mais à la lutte contre la radicalisation.
Au Maroc et en Algérie, la situation est plus complexe. Le statut d’imam femme n’existe pas officiellement, mais des «mourchidates» (guides) interviennent dans les mosquées, les écoles et les prisons où elles font connaître le «vrai islam» et corrigent les doutes et méconnaissances pouvant conduire à l’extrémisme religieux et au terrorisme.
Ce que disent les textes
Pour la plupart des musulmans, une femme imam représente tout simplement une hérésie. Et pourtant le Coran ne donne aucune directive à ce sujet, ce qui laisse libre court aux théologiens qui se basent sur les hadith. Certains théologiens affirment que «le prophète aurait ordonné à une femme originaire de Médine de diriger la prière», d’autres s’avèrent plus radicaux et discriminatoires et disent qu’ «un peuple qui confie ses affaires à une femme va à sa perte» ou que «les femmes manquent de foi et de raison».
Ce qui est sûr c’est que le débat a toujours existé, mais actuellement la question soulève l’indignation générale de la part des haut placés de l’islam, comme le Conseil supérieur des oulémas au Maroc qui a émis, ces dernières années, une fatwa contre l’habilitation des femmes à la fonction d’imam.