Selon son avocat, Nasser Zefzafi a écrit une lettre en prison
Toujours incarcéré à la prison de Oukacha et dans l’attente de son procès, Nasser Zefzafi aurait remis une lettre à son avocat Maître Ziane. Les détails.
Dans une lettre-fleuve, « évadée » de l’établissement pénitentiaire de Oukacha par les soins de l’avocat Mohamed Ziane, Nasser Zefzafi exhorte ses partisans à ce que leurs manifestations soient pacifiques (silmia).
Ceci, dans l’objectif sacro-saint que les revendications socio-économiques légitimes du Rif en général, et d’Al Hoceima, en particulier, soient bientôt une réalité tangible.
Cette missive zefzafienne, s’adressant « aux enfants du Rif, ceux de la patrie, ainsi qu’ aux hommes libres du monde » est d’une éloquence remarquable, digne d’un tribun romain haraguant les foules. Elle commence par une longue introduction où Zefzafi salue successivement, et pompeusement, ses concitoyens rifains, ses partisans aux quatre coins du Maroc, ses compatriotes MRE et tous ceux à travers le monde qui cautionnent sa cause. Ladite introduction finit par un hommage grandiloquent, déjà omniprésent dans les vidéos d’avant son incarcération, à la femme rifaine « libre et pure ».
Suit une litanie aussi longue qu’un jour sans pain sur différents thèmes. D’abord, les conditions difficiles de son incarcération à Oukacha, dans son cachot, ne les empêchant point, les autres détenus et lui, de crier haut et fort leur innocence de tous les chefs d’accusation pour lesquels; soutient-il, ils sont injustement poursuivis. Parmi ceux-ci, l’accusation fallacieuse de séparatisme et de trahison dont ont aussi souffert « nos ancêtres depuis 1958 ». Puis vient le tour de l’appel zefzafien où Nasser exhorte les destinataires de sa lettre à la retenue, au non recours à tout acte de violence, à ne pas répondre à « la répression des forces de l’ordre et à leurs provocations », jusqu’à ce que toutes les revendications socio-économiques, culturelles et de justice sociale soient concrétisées. « Tout jet de pierres, tout acte de violence, tout dépassement constitueraient une trahison du Hirak du Rif », écrit-il.
Cet appel ressemble aussi à un testament dans lequel Nasser Zefzafi, dans un style tragiquo- lyrique, affirme sa ferme détermination à mener cette lutte légitime des Rifains jusqu’à la victoire, quel que soit le prix à payer, même si c’était sa propre vie. « Je ne trahirai pas, je ne négocierai pas, même aux dépens de ma liberté et de de ma vie ». Et la lettre finit par un verset coranique incitant les croyants à être patients car leur patience portera ses fruits et sera divinement récompensée.
« Je souhaite que ma détention soit synonyme de votre liberté, que ma mort soit votre vie et que ma défaite soit votre victoire », conclut-il.
Contacté par Le Site info, l’avocat Maître Ziane nous a confirmé que Nasser Zefzafi lui a bien remis cette fameuse lettre. En revanche, la DGAPR (délégation des prisons) a démenti l’existence de cette lettre et compte même poursuivre Ziane en justice. Affaire à suivre.
Larbi Alaoui
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