Libertés individuelles: des « justiciers » refont surface pendant le Ramadan
Il y a une catégorie de citoyens à sensibilité idéologique et politique bien particulière qui se croit investie de la mission d’épurer la société et de la débarrasser de la dépravation. Ils s’auto-proclament juges et rendent leur verdict à l’encontre d’autres citoyens qui se seraient écartés, à leurs yeux, de la bonne voie: celle du salut.
Ainsi à Martil, la petite bourgade bien connue pour ses plages de sable fin, une jeune fille accompagnée de son père faisait des courses au marché de la ville quand surgissent des individus pour lui reprocher sa « tenue légère et provocante ». La jeune fille était vêtue d’une jupe et d’un débardeur d’été laissant apparaître ses bras.
C’était suffisant pour qu’elle soit la cible d’insultes pour atteinte aux moeurs publiques. Son père, ayant voulu réagir s’est fait agresser de la manière la plus brutale. Mais, ces victimes n’ont pas cru bon de porter plainte et c’est pour cela que la police de Martil a fait savoir qu’aucune affaire de ce genre n’a été portée à sa connaissance. Par conséquent, ces justiciers vont bénéficier de l’impunité et continuer à se substituer aux autorités.
A Casablanca, c’est encore plus grave. Deux jeunes filles sont allées se rafraîchir au bord de la mer et l’une d’elles a « osé » aller se baigner en maillot de bain. Les redresseurs de tort l’ont attaquée, lui ont subtilisé ses vêtements et l’ont même obligée à sortir dans la rue dans cette tenue, affirme Al Ahdate. Une façon de l’exposer à la vindicte populaire pour avoir enfreint les lois qu’ils ont eux même instituées.
Ces faits rappellent l’agression subie par deux filles à Inezgane en plein souk pour la simple raison qu’elles étaient vêtues de jupes courtes. Dans ce cas, la police a même interpellé les deux jeunes filles, les a soumises à la garde à vue et présentées devant le parquet, au lieu de punir des individus qui ont instauré la loi de la jungle et imposent aux citoyens leur propre vision du monde.
Soufiane Laraki
