Le Maroc pourrait être le berceau de l’humanité, selon une découverte scientifique (VIDEO)
Au Maroc, des restes de cinq individus datant d’environ 315 000 ans ont été trouvés. Cette découverte scientifique capitale pourrait repousser de 100 000 ans l’âge de notre espèce. Selon l’équipe internationale qui a réalisé cette découverte, elle attesterait de l’origine « panafricaine » de notre espèce.
Il y a environ 315 000 ans, vivait au Maroc le plus ancien représentant connu de notre espèce, Homo sapiens. Cette découverte est le fruit du travail d’une équipe internationale dirigée par Jean-Jacques Hublin (Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig et Collège de France) sur le site marocain de Djebel Irhoud. Jusqu’à aujourd’hui, les fossiles les plus anciens avaient été découverts en Afrique du Sud et de l’Est. Les premiers ossements humains reconnus comme anatomiquement modernes avaient été trouvés en Ethiopie et avaient moins de 200.000 ans.
A Paris, mardi 6 juin, Jean-Jacques Hublin, lors d’une conférence de presse au Collège de France, a déclaré : « Notre idée est qu’en fait, l’émergence de l’homme moderne est plus ancienne encore, et qu’il s’agit d’un phénomène panafricain ». Il se réjouit que le Maroc se retrouve « au centre des débats sur l’origine de l’homme actuel », rapporte Le Monde.
Jean-Jacques Hublin organise, en 2004, une coopération scientifique avec Abdelouahed Ben-Ncer, son ancien collègue du laboratoire d’anthropologie de Bordeaux, professeur à l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine à Rabat. Afin de dégager le site et d’assurer les datations, l’institut de Leipzig finance l’enlèvement de 200 m3 de blocs de pierre, « ce qui coûte le plus cher en archéologie », note Abdelouahed Ben-Ncer.
Les ossements de cinq individus, dont un adolescent et un enfant de 7 à 8 ans, ont été exhumés. Des éclats de silex brûlés permettent d’établir des datations par thermoluminescence. La résonance de spin électronique, une autre méthode, pointe la même période ancienne de 315 000 ans. « Quand nous avons reçu les premières dates, nous avons été incroyablement secoués », se souvient Jean-Jacques Hublin. Cela va changer les manuels sur l’origine humaine », ajoute-t-il.
Certains scientifiques réfutent cette datation mais Yves Coppens déclare: « C’est une très belle découverte, qui semble confirmer un foyer africain pour l’origine humaine ».
Le visage de ces premiers humains « n’était pas différent de celui de n’importe qui dans le métro », dit Jean-Jacques Hublin.
Des données scientifiques supplémentaires doivent être recherchées: « Nos collègues marocains sont sollicités par des équipes anglo-saxonnes », ajoute M. Hublin. Abdelouahed Ben-Ncer précise: « Après une interruption pour publier ces résultats, on espère, inch’allah, reprendre rapidement la campagne de fouilles ! ». Le Djebel Irhoud n’a probablement pas dit son dernier mot.
Hicham Lamrani