A quoi joue le réalisateur du doc de France 3 ?
Les médias et les réseaux sociaux ont beaucoup parlé du documentaire de France 3 consacré au roi Mohammed VI. Devant l’ampleur de la désapprobation de ce documentaire et des réserves exprimées par les personnalités marocaines qui ont accordé des interviews, il nous a semblé utile d’apporter des éléments sur le journaliste, auteur de cette enquête. La diffusion est prévue le 26 mai courant. Focus sur Jean-Louis Pérez, le réalisateur de«Roi du Maroc, le règne secret».
Passionné de politique, il a réalisé de nombreux reportages pour Canal +, Arte et France Télévision sur des sujets aussi sensibles que variés.
Le 23 février dernier, Arte diffuse un documentaire intitulé « La planète FIFA »» de Jean-Louis Pérez.
«La FIFA est un lieu de pouvoir et tous les lieux de pouvoir m’intéressent», explique le réalisateur à France Football, ajoutant que «depuis déjà quinze ans, cela guide tous mes travaux d’investigation. Quand un lieu ou un homme concentre trop de prérogatives ou d’influence, non seulement cela suscite ma curiosité mais cela m’inquiète aussi». Une phrase qui en dit long sur les intentions de Jean-Louis Pérez…
Un an avant la diffusion de cette émission consacrée à la FIFA, le 15 février 2015, deux journalistes français sont interpellés à Rabat, puis expulsés. Leur matériel est saisi à l’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) où ils réalisaient une interview. Il s’agit de Jean-Louis Perez et Pierre Chautard, journalistes de l’agence Premières Lignes, qui préparaient un documentaire pour France 3. Les autorités leur reprochaient de ne pas disposer des autorisation nécessaires pour filmer.
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Paul Moreira, directeur de l’agence, affirme que «les deux journalistes avaient demandé depuis plusieurs semaines une autorisation de filmer, mais n’avaient reçu aucune réponse et en avaient donc conclu qu’elle n’était pas obligatoire pour travailler», rapporte Le Monde.
«Il y a un certain nombre de personnalités au Maroc qu’on ne peut pas rencontrer, beaucoup sont blacklistées par le régime, je pense qu’il y en a une qui les a vraiment fâchés… », explique Jean-Louis Perez à la télévision française au lendemain de son expulsion. Il précise qu’il n’a jamais eu d’autorisation de tournage mais que «le Maroc n’accorde pas d’autorisations pour que les journalistes soient hors la loi et pour les expulser …comme nous faisions une investigation, on a décidé d’y aller quand même».
Dans ce même entretien, Jean-Louis Perez n’y va pas de main morte concernant l’état des libertés publiques au Maroc qu’il traite de «nulles» et affirme que les conditions de son arrestation étaient «brutales».
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Depuis cet épisode, le réalisateur a concocté son documentaire dans la plus grande discrétion.
Selon un communiqué de presse de France 3, «ce documentaire tourné au Maroc et en France, passe de l’autre côté du miroir des beaux clichés du royaume, pour révéler les zones d’ombres du roi Mohammed VI».
Ali Amar, ancien directeur du Journal Hebdomadaire et auteur de «Mohammed VI : Le grand malentendu» fait partie de ceux qui ont été interviewés en février 2015 à Casablanca par Jean-Louis Perez dans le cadre de ce documentaire.
D’après Le Desk, Ali Amar a demandé le retrait de son témoignage parce que Jean-Louis Perez ne lui a pas indiqué qu’il s’agissait d’une enquête dont le synopsis a principalement été rédigé à partir de l’ouvrage consacré en 2012 par Catherine Graciet et Eric Laurent à Mohammed VI, «prétendant lors de notre entrevue dans les locaux du Desk, qu’il s’agissait d’un reportage en trois volets sur la situation générale des économies des pays du Maghreb».
Fouad Abdelmoumni, directeur de Transparency Maroc qui apparait dans l’enquête de France 3, a également insisté sur le fait qu’il n’était nullement question d’un documentaire sur la personne du roi au départ et que lorsque Jean Louis Pérez lui a présenté le projet, « nous avons parlé de l’économie marocaine en général ».
«Au cours du mois de février 2015, nous avons été contactés par M. Jean-Louis Perez, journaliste, qui préparait un documentaire pour la chaîne de télévision France 3. M. Perez avait expliqué qu’il s’agissait d’une série de reportages sur les économies des trois pays du Maghreb», affirment Fouad Abdelmoumni, Najib Akesbi et Karim Tazi dans un communiqué rendu public.
«Notre intervention dans ce documentaire ne peut en aucune manière être interprétée comme une quelconque caution à l’angle éditorial de ce documentaire», ont-ils ajouté, reprochant aussi à l’auteur d’avoir donné la parole à Catherine Graciet qui est «poursuivie devant la justice française pour racket et extorsion de fonds».
Nous avons essayé, en vain, de contacter Jean-Louis Pérez pour avoir ses dernières impressions concernant la polémique du documentaire qui a fait un tollé sur les réseaux sociaux. Un journaliste français, sous couvert d’anonymat, nous a indiqué qu’à France Télévision, «on s’étonne simplement que les choses aient pris une telle ampleur au Maroc, avant même que les gens n’ aient vu le documentaire pour pouvoir le juger».