Qui est Nawal Benaissa, celle qui veut prendre la place de Zefzafi?
Dans l’ombre lorsque Nasser Zefzafi haranguait les foules, Nawal Benaissa a fait la Une des journaux au lendemain de l’arrestation de l’icône de la révolte du Rif. Portrait.
Tous les soirs à Al-Hoceima depuis le début du Ramadan, elle prend le micro devant la foule. « Nous voulons un Rif meilleur, nous en avons marre d’être les oubliés de l’Etat, personne ne pourra nous faire taire…nous allons continuer à manifester pour un avenir meilleur », lance la jeune femme de 36 ans.
Dire que Nawal Benaissa a pris la place Zefzafi dans le coeur des Hoceimis serait aller trop vite en besogne, mais une chose est certaine: « elle a déjà prouvé que si Zefzafi n’est plus là, n’importe qui prendra la relève, parce que le mal du Rif n’est pas incarné par un seul homme », nous confie un activiste d’Al-Hoceima.
Quoi qu’il en soit, les médias étrangers se sont déjà intéressés à elle, et du coup, elle devient petit à petit une icône. Et ce qui plait le plus aux regards étrangers, c’est que c’est une femme qui a désormais récupéré le flambeau du Hirak.
Nawal Benaissa est mariée et a quatre jeunes enfants. La police s’est rendue au domicile de ses parents pour l’interroger et elle a décidé de se rendre au commissariat d’elle-même. Après un assez long interrogatoire, aucune poursuite n’a été retenue contre elle. Mais Nawal Benaissa est surveillée de près par les services de sécurité.
Pourtant, elle assure que son action est pacifique et qu’elle n’a jamais appelé à la violence. La jeune femme, qui n’appartient à aucun parti ou mouvement particulier, explique sa volonté « par son engagement en tant que bénévole auprès de femmes malades du cancer », rapporte Le Monde.
Nawal a six frères et soeurs. Son père n’avait pas les moyens de lui payer des études, elle a donc été obligée de travailler très jeune. Son mari, qui est chauffeur de taxi, s’inquiète pour elle, tout comme ses parents. Mais ils se disent très fiers de ce qu’elle a fait.
« Nous n’avons pas d’hôpital capable de soigner celles qui ont un cancer du sein. J’en ai rencontré qui ne pouvaient même pas se payer des analyses à 100 dirhams », a-t-elle déclaré au quotidien français. C’est d’ailleurs pour cette cause qu’elle a sollicité des aides étrangères.
Et c’est tout naturellement que son « militantisme » a évolué. »Le Rif est une région conservatrice…mais les femmes peuvent sortir et manifester », insiste Nawal Benaissa.
H.L.