Abdelilah Benkirane avait durant son quinquennat inauguré une pratique inédite sur le plan international, sauf dans les ex-démocraties populaires.
Jamais un chef de gouvernement n’aura assisté à un défilé d’une organisation syndicale et prononcé un discours. Et ceci pour la simple raison que cette démarche révèle une contradiction de taille. Abdelilah Benkirane qui doit, en principe, régler les revendications des travailleurs, vient lui même à la tribune syndicale les revendiquer sans pour autant amorcer le dialogue avec leurs représentants pour y trouver des solutions. Une situation kafkaienne que même l’auteur d’origine tchèque n’aurait pas imaginée dans ses nombreux romans.
Mais son successeur a choisi de jouer le rôle d’un homme d’Etat en s’abstenant de faire le déplacement et défiler avec ses camarades syndicaux en majorité membres du PJD. En somme, Saad Eddine El Othmani a remis les choses à leur place le plus naturellement du monde.
Les syndicalistes et les militants du PJD se sont interrogés sur les raisons de cette absence. Certains y ont vu une tentative d’El Othmani d’éviter d’essuyer des critiques quant aux prétendues concessions faites au Attahakkoum (Hégémonie du Makhzen) dans la formation du gouvernement, alors que d’autres commencent déjà à colporter l’idée qu’il a privilégié les intérêts de l’Etat au dépens de ceux du parti.
T.J.
