L’histoire complète de la femme qui a tenté de se suicider à Rabat
Après presque trois heures de négociations et de supplications de la foule, la dame surnommée « Mama Aïcha » a finalement été évacuée lundi dernier par les éléments de la protection civile. Elle voulait se suicider en se jetant du haut d’un poteau électrique en plein centre de Rabat.
Transférée à l’hôpital où elle a été mise sous sédatifs, Mama Aïcha a pu rejoindre la demeure de son frère à Sidi Taïbi près de Kénitra.
Les journalistes qui l’ont rejointe ont essayé de comprendre les raisons qui l’ont poussée à vouloir se suicider. Et c’est avec beaucoup d’amertume et de colère qu’elle pointe du doigt les magistrats du tribunal de première instance de Kénitra qui l’ont dépossédée en compagnie de son frère de 7 hectares vendus aux enchères publiques il y a un an. Toutes ses démarches pour récupérer ses biens se sont avérées vaines. Désespérée, elle a voulu en finir de la manière la plus spectaculaire. Sur Facebook, les internautes ont assisté à sa tentative de suicide en direct.
VIDEO des images chocs de la femme qui a tenté de se suicider à Rabat
Les détails de l’affaire
Mama Aïcha raconte que cette affaire a commencé lorsqu’un Marocain établi à l’étranger a acheté une propriété mitoyenne aux 7 hectares qui appartiennent à sa famille. Cet émigré a demandé au frère d’Aïcha en vertu d’un acte signé et dument légalisé de garder sa propriété en son absence.
Mais, en même temps, l’émigré allait accorder à son gendre une procuration ouverte lui permettant de gérer sa propriété de 5 hectares. Ce dernier, profitant de l’aubaine, a entrepris les démarches administratives pour inscrire la propriété en son nom et au nom de ses enfants à la Conservation foncière.
Ayant accompli cette tâche, il s’est présenté devant le gardien de la ferme le sommant de quitter les lieux. Mais celui-ci, fort de l’acte signé avec l’émigré a refusé catégoriquement de se plier à cette demande. C’est alors que son protagoniste l’a attaqué en justice pour usurpation de bien d’autrui.
Dans un premier temps, le juge d’instruction a inculpé le « faux » propriétaire d’escroquerie, mais la justice a fait une volte-face par la suite pour condamner Mama Aïcha et son frère à indemniser le plaignant à hauteur de 2.400 mille dirhams, somme qu’il leur était impossible de réunir. Du coup, leurs 7 hectares ont été vendus aux enchères et le plaignant en est sorti grand vainqueur.
Mama Aïcha accuse les magistrats d’avoir commis une flagrante injustice à leur égard et face au mur du silence et à l’intransigeance de ceux qui appliquent les lois, elle a décidé de mettre fin à ses jours.
Cette version des faits a été, d’ailleurs, confirmée par le propriétaire initial Belkrachi Khalifa résidant dans un pays européen, qui dans une déclaration à nos confrères de Hespress a accusé son gendre de l’avoir roulé et s’est approprié la ferme injustement.
S.L.