Les jihadistes emprisonnés au Maroc vont-ils se repentir?
L’incarcération de dizaines de salafistes jihadistes pour des peines lourdes a ouvert la voie à des débats internes et à des révisions idéologiques, comme cela s’est fait à travers l’histoire depuis les temps des leaders du mouvement des frères musulmans en Egypte dans les années cinquante.
Ce processus a atteint les prisons marocaines où des groupes de salafistes ont déjà bénéficié de la grâce royale après avoir renié publiquement et solennellement leur positions takfiristes (excommunication) antérieures.
Et à présent, ce processus se poursuit sous une forme beaucoup plus officielle, puisque c’est un dialogue entamé entre la Rabita Mohammadia des Oulémas et les jihadistes qui permettra peut être de classer le dossier de bien des détenus. Pour Mohamed El Abbadi, le président de la Rabita, il s’agit d’examiner avec ces militants l’évolution de leur vision par rapport à la nature du régime politique marocain et de ses orientations économiques et sociales.
Ce dialogue auquel participe Mohamed Salah Tamek, le délégué de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, s’effectue selon une méthodologie arrêtée de commun accord avec le porte-parole des jihadistes détenus Khalid El Haddad, qui purge une peine de 20 ans de réclusion criminelle à cause de ses liens avec les attentats de Casablanca du 16 mai 2003.
Les rencontres sont organisées autour de thèmes précis qui sont débattus de long en large et chacun des intervenants présente ses argumentaires et défend ses approches. Et c’est la synthèse de ces débats qui déterminera le degré d »évolution des positions de ces détenus appuyés, du reste, par un comité national présidé par un repenti, en l’occurrence Abdelkrim Chadli, qui a été lui même gracié après 12 années derrière le barreau. Ce denier se félicite de cette initiative qui constitue selon lui une nouvelle preuve de l’exception marocaine.
S.L.