
Le Backyard Ultra, un sport d’endurance qui se pratique en boucles de 60 minutes chacune, est en quête de reconnaissance au Maroc, où des mordus de sports extrêmes le pratiquent avec passion et professionnalisme.
Créé par l’Américain Lazarus Lake, l’organisateur du célèbre marathon Barkley dans le Tennessee, aux Etats-Unis, le Backyard Ultra est une forme de course d’ultramarathon où chaque heure des coureurs prennent le départ d’une boucle de 6,706 kilomètres. Ils doivent le faire et le refaire, toujours dans un délai de 60 minutes, jusqu’à ce qu’un seul et dernier coureur reste en piste, qui est déclaré vainqueur.
Le but pour les coureurs est de parcourir le plus de boucles dans un délai d’une heure pour chaque boucle.
Pour Kaoutar Bendoumou, seule représentante de la gente féminine dans la Team Maroc de Backyard Ultra, cette discipline, de par ses bénéfices sur la santé physique, forge considérablement le mental de l’athlète qui devient de plus en plus fort pour surmonter la fatigue et les aléas de la météo et tenter d’arriver au bout de la course.
« Cette discipline sportive permet d’expérimenter ses limites personnelles et de pousser encore plus sa capacité de braver les obstacles », a-t-elle souligné dans un entretien à la MAP, expliquant que « le Backyard Ultra n’est pas seulement un sport d’endurance. Ce n’est pas seulement le physique qui est sollicité, mais aussi le mental et quand un sportif réussit le pari d’allier le physique et le mental, il entre dans une autre dimension de la pratique sportive et cherche la performance ».
Rencontrée au camp d’entraînement de la Team Maroc à Maâmora, elle a estimé que « c’est aussi une façon de faire le point avec soi-même parce que nous sommes pris dans le tumulte de la vie quotidienne est c’est une façon de passer sa vie en revue et de penser à ce qu’on est et à ce qu’on est capable d’affronter ».
Cette sportive, habituée aux courses, qui compte une participation au redoutable Marathon des sables à son actif, relève que « le Backyard Ultra nécessite aussi de peaufiner une bonne stratégie qui prend en compte tous les aspects de la course, notamment le rythme, les temps de repos, l’alimentation et le sommeil », ajoutant qu’ »il faut chercher profondément les ressources nécessaires pour pouvoir rester en course ».
Selon elle, le Backyard Ultra est la meilleure illustration de l’expression « un pour tous, tous pour un », car « plus on reste ensemble dans la course, plus on aura de chance qu’un membre de l’équipe termine la compétition. Au sein de la Team Maroc, on a développé une cohésion de groupe à travers nos entraînements et nos participations aux compétitions. Ce sport est un bon moyen de complémentarité entre les sportifs qui s’encouragent mutuellement pour tenir la cadence et poursuivre la course ».
Kaoutar Bendoumou veille aussi à balayer les préjugés qui entourent cette discipline. « Dès que les gens entendent le mot endurance et ultra ils se découragent et estiment que c’est au-delà de leurs capacités, alors qu’en réalité, leurs capacités peuvent être renforcées au fur et à mesure de la pratique de ce sport ».
« C’est normal de ne pas être performant dès le début, mais avec la pratique on peut connaître nos moyens et nos limites qu’en peut pousser davantage lors des courses », a-t-elle expliqué, assurant que « les personnes qui sont venues pour tester ce sport extrême lors du Morocco Backyard Ultra, qui est à sa cinquième édition, reviennent volontiers parce qu’ils ont senti ses effets bénéfiques sur leur corps et leur mental ».
Elle a, par ailleurs, mis l’accent sur les prestations de la Team Maroc qui réalise de bonnes performances lors de ses participations aux compétitions internationales grâce à l’amélioration de sa stratégie pour courir plus de boucles, en particulier à l’issue du championnat du monde par équipe qui a ouvert les portes à l’athlète marocain Brahim Aldaz de représenter le Maroc au championnat du monde en individuel prévu cette année aux Etats-Unis.
« Lors de la dernière édition du Morocco Backyard Ultra, nous avons enregistré une grande participation des femmes et leur présence est de plus en plus remarquable », s’est-elle également réjouie, ajoutant qu’en illustration de la qualité d’organisation et des participants à cet événement, il est désormais coté par l’Association internationale de trail running (ITRA) qui est reconnue par World Athletics.
Soulignant l’importance du soutien financier pour le développement de cette discipline, elle a fait remarquer que les athlètes de la Team Maroc prennent part aux compétitions internationales par leurs propres moyens. « Nous manquons de sponsors et de partenaires pour développer ce sport au Maroc, car le but essentiel reste d’honorer notre pays à l’international et promouvoir cette discipline qui attire de plus en plus d’adeptes ».