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Ramadan : Attention à la surconsommation !

Par LeSiteinfo avec MAP

Période d’abstinence, de modération et de solidarité sociale, le mois sacré de Ramadan incite tout un chacun à se recentrer sur l’essentiel et à se détacher des excès du quotidien. Néanmoins, le mois de jeûne s’accompagne souvent d’une frénésie de dépenses et de consommation, avec son corollaire de gaspillage alimentaire.

De l’avis des observateurs, cette tendance à la surconsommation, en déphasage avec l’esprit et les principes du Ramadan, s’explique par des facteurs sociaux, les incitations commerciales et un désir inconscient de compensation après une journée de privation.

Les incidences se font sentir aussi bien sur le plan économique sous l’effet de l’augmentation significative des dépenses, qu’au niveau environnemental, voire même sanitaire eu égard à l’ampleur du phénomène du gaspillage alimentaire.

Approché par la MAP, l’enseignant-chercheur en comportement du consommateur à l’Université Euromed de Fès, Rachid Boudri, a indiqué que la surconsommation pendant Ramadan est imputable d’abord au facteur psychologique, puisque l’anticipation du jeûne déclenche un réflexe d’accumulation renforcé par la suractivation des circuits de la récompense.

Les considérations socio-culturelles y sont aussi pour quelque chose, dès lors que les repas de l’Iftar, bien plus qu’une simple rupture du jeûne, deviennent un moment festif et ostentatoire, enraciné dans des traditions où hospitalité et générosité s’expriment souvent par une surabondance de nourriture, a-t-il fait observer.

Pour Boudri, les stratégies marketing tirent aussi profit de ce mois sacré pour stimuler la consommation, à travers des promotions alléchantes, des publicités ciblées et des rayons spécialement garnis pour inciter à l’achat impulsif et au surstockage.

« Les marques cherchent en effet à créer un lien émotionnel avec les consommateurs en jouant sur des ressorts comme l’illusion de rareté et de privilège », a-t-il expliqué, notant que les promotions et les offres limitées, typiques de cette période, poussent à l’achat compulsif.

En amplifiant les besoins imaginaires, les marques poussent les consommateurs à acheter des produits dont ils n’ont pas besoin, ou qu’ils n’auraient pas envisagés autrement.

D’après une enquête menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), la dépense moyenne par ménage s’apprécie de 18,2% en moyenne au cours du mois de Ramadan par rapport aux autres mois de l’année.

Les chiffres du HCP font ressortir que la dépense des ménages s’accroît de 8,4% pour les 20% les moins aisés, de 9,7% pour la catégorie des intermédiaires et de 8,9% pour les 20% les plus aisés.

Par type de dépense, le budget alloué à l’alimentation est de 17,8% plus élevé pendant le Ramadan en comparaison avec les autres mois. Cette hausse est de 19% en milieu urbain contre 4,5% en milieu rural.

Pour freiner la surconsommation, M. Boudri estime qu’il est essentiel d’agir pour consacrer les valeurs de partage et de solidarité qui font la singularité du mois de Ramadan. Il préconise la mise en œuvre d’actions concrètes de solidarité et de partage comme l’organisation de repas collectifs de rupture du jeûne, tournées vers les catégories vulnérables et, généralement, les plus démunis.

Il s’agit de retrouver l’essence même du mois de Ramadan, c’est-à-dire une consommation plus consciente et plus humaine, permettant de rééquilibrer cette dynamique de surconsommation et de redonner à ce mois béni toute sa profondeur.

La sobriété, le partage et l’entraide sont les valeurs fondamentales de ce mois sacré qu’il convient de préserver face aux dérives consuméristes, d’autant plus que le Ramadan est bien plus qu’un simple rituel religieux, mais un moment de rééquilibrage alimentaire et de renouveau spirituel.


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