Cellule terroriste au Maroc : une expertise confirme un projet d’attentat à un stade avancé

L’expertise scientifique réalisée suite au démantèlement dans plusieurs villes du Royaume d’une cellule terroriste liée à l’organisation « Daech » a confirmé que la préparation de cet acte terroriste avait atteint « un stade très avancé », a affirmé, lundi à Salé, le préfet de police, Abderrahmane El Yousfi Alaoui.
Les quatre engins explosifs improvisés, à savoir la cocotte-minute et les bonbonnes de gaz soumises à l’expertise, étaient des engins explosifs prêts à être utilisés et pouvaient être actionnés à distance, a expliqué M. El Yousfi Alaoui, chef de la division technique et management des risques à l’Institut des sciences forensiques de la Sûreté nationale, lors d’un point de presse organisé par le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ).
Afin de procéder aux expertises techniques et scientifiques nécessaires à éclairer l’enquête judiciaire et la justice criminelle, a-t-il poursuivi, les services scientifiques et techniques relevant de l’Institut ont reçu un certain nombre de pièces à conviction sous scellé judiciaire, qui ont été classées en deux catégories: la première porte sur les 25 scellés judiciaires reçus par l’Institut, le 19/02/2025, et comprenant des substances chimiques et du matériel suspect, à savoir :
– Le premier scellé contient une cocotte-minute comprenant des substances chimiques sous forme de poudres suspectes, réparties en deux sachets : le premier contenant une poudre jaune et le second un mélange de deux poudres grise et blanche. Le contenu de cette cocotte-minute, qui comportait aussi deux lots de clous métalliques, était connecté, via des fils électriques, à un téléphone portable fixé sur le côté.
– Les scellés judiciaires 2, 3 et 4 contiennent chacun une bonbonne de gaz modifiée, la partie supérieure ayant été découpée. Chacune de ces bonbonnes contient entre trois et quatre sachets de substances chimiques suspectes sous forme de poudres de différentes couleurs et formes, en plus de clous métalliques. Elles étaient connectées chacune à 6 tubes PVC et à un téléphone portable, le tout fixé sur le côté extérieur et connecté au contenu intérieur de ces bombonnes via des fils électriques.
– Les scellés numérotés de 5 à 9 contiennent des sachets en plastique avec à l’intérieur des poudres de diverses couleurs, formes et textures.
– Les scellés numérotés de 10 à 16 contiennent des bouteilles en plastique et un récipient métallique avec des substances liquides de diverses couleurs et formes.
– Le scellé numéro 17 contient un sachet en papier rempli d’une grande quantité de clous métalliques.
– Les scellés 18 et 19 contiennent respectivement deux bonbonnes de gaz bleue : la première dépourvue de soupape de sécurité, alors que la partie supérieure de la seconde bonbonne a été découpée.
– Les scellés numérotés de 20 et 25 contiennent du matériel divers, à savoir 6 tubes PVC, répartis en 2 lots de trois reliés par un ruban adhésif, une machine à souder, des fils de soudure, des fils électriques et des rubans adhésifs en plastique.
Les analyses et expertises scientifiques pratiquées sur ces matériaux par les services de l’Institut des sciences forensiques ont révélé qu’il s’agissait de produits chimiques utilisés dans la préparation et la fabrication d’engins explosifs improvisés, tels que les engins explosifs à base de nitrate d’ammonium et de TATP, considérés parmi les explosifs dangereux les plus mortels, a fait savoir M. El Yousfi Alaoui.
Une cocotte-minute et des bonbonnes de gaz modifiées ont été utilisées comme récipients de ces substances chimiques explosives. Chaque bonbonne a été remplie de clous, utilisés comme éclats afin de provoquer un plus grand nombre de morts et de blessés, ainsi que d’importants dégâts matériels, a-t-il ajouté.
Des tuyaux en PVC, six par unité, ont été fixés sur les côtés de ces récipients afin de les remplir d’explosifs, dans l’intention criminelle de provoquer le plus grand nombre de victimes et d’importants dégâts matériels, a précisé le responsable, notant que des téléphones portables étaient fixés à ces engins explosifs improvisés et raccordés par des fils électriques au contenu de ces récipients afin de les actionner à distance.
S’agissant des substances chimiques utilisées dans les engins explosifs improvisés, M. El Yousfi Alaoui a souligné que lesdits produits sont destinés en premier lieu à un usage civil dans divers domaines. « Malheureusement, il arrive que leur usage civil soit détourné à des fins criminelles, terroristes et subversives, comme dans le cas de cette affaire qui, à l’instar d’autres similaires, a été déjouée grâce à la vigilance et à la veille des services de renseignement de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) », a-t-il dit.
S’aventurer à mélanger ces substances a souvent des conséquences très dangereuses, a-t-il noté, précisant que la réaction des produits mélangés peut créer une substance instable et dangereuse qui échappe à tout contrôle sous l’effet de facteurs externes tels que la chaleur et la pression, entre autres, provoquant ainsi une explosion pouvant anéantir la personne qui les manipule, son entourage et ses voisins, ou la laisser en situation de handicap.
Lors du mélange de ces substances, la marge d’erreur est très élevée et les conséquences sont sans nul doute catastrophiques, a-t-il relevé.
La deuxième catégorie comprend, selon M. El Yousfi Alaoui, les 14 scellés judiciaires reçus par l’Institut des sciences forensiques, le 22/05/2025, lesquels incluent une série d’armes à feu et de munitions, dont deux Kalachnikov, deux fusils de chasse, dix pistolets et 73 cartouches de différents calibres.
L’expertise technique préliminaire réalisée sur ces armes et munitions a conclu qu’il s’agit d’armes à feu de différents type et utilisations, dont certaines sont des armes de guerre et d’autres sont destinées à un usage sécuritaire et militaire, ou pour la chasse.
Il s’agit de :
– Deux fusils d’assaut de type Kalashnikov-AK45, de calibre X 7.62 39 (Automatique et semi-automatique), d’une portée de 440 mètres et d’une cadence de tir de 600 coups par minute. C’est une arme principalement de guerre.
– Trois pistolets semi-automatiques de calibre 7.65 mm Parabellum de type Beretta.
– Deux pistolets semi-automatiques de calibre 9 mm Parabellum de type Beretta.
– Un pistolet semi-automatique Luger, de calibre 9 mm.
– Un pistolet semi-automatique de calibre 7.65 mm de type Star.
– Un pistolet semi-automatique de calibre 7.65 mm de type Tariq.
– Un pistolet semi-automatique 22LR.
– Un revolver New Army, de calibre 11 mm.
– Un fusil de chasse de calibre 12 mm, à double canon vertical scié au niveau de la crosse et des canons afin de faciliter sa dissimulation et son port.
– Un fusil de chasse Flaubert, de calibre 9 mm, également scié au niveau de la crosse et du canon pour la même raison.
– 25 cartouches Parabellum de calibre 9 mm adaptées aux pistolets Beretta du même calibre.
– 23 cartouches Browning de calibre 7.65 mm adaptées aux deux pistolets précités de type Tariq et Star.
– 25 cartouches de calibre 12, adaptées au fusil de chasse du même calibre précité.
M. El Yousfi Alaoui a ajouté que l’expertise a conclu que toutes ces armes à feu, à usage multiple et dangereux, sont en bon état de fonctionnement.
Il a souligné que le marquage de toutes ces armes à feu a été effacé à des fins criminelles, dans le but de dissimuler notamment leurs numéros de série, la date et le pays de leur fabrication, ainsi que le nom du fabricant, et rendre par conséquent difficile aux services de sécurité la tâche de déterminer leur origine et de remonter leur chaîne de possession au niveau international, précisant que, dans le même but, toutes ces armes à feu ont été repeintes.
Selon le responsable sécuritaire, l’expertise technique sur ces armes à feu se poursuit, notamment en ce qui concerne l’affichage de leur marquage, le but étant de les pointer dans les bases de données d’Interpol et de déterminer la chaîne de leur possession et leur éventuel historique criminel international.