Maroc

Technologies vertes : le match Maroc-Tunisie des expositions économiques et sectorielles

Exposition économique globale ou concentration sectorielle spécifique ? Une étude de la Banque mondiale ausculte sous ces angles complémentaires le positionnement du Maroc et de la Tunisie sur les marchés émergents des technologies vertes. Tour d’horizon de ces positions contrastées face à l’essor des énergies renouvelables.

Dans la course aux opportunités offertes par la transition énergétique mondiale, le Maroc et la Tunisie émergent comme des acteurs clés, selon une récente analyse de la Banque mondiale. Si la Tunisie domine légèrement le Maroc en termes d’exposition économique globale, c’est le Royaume chérifien qui l’emporte au niveau sectoriel. Un match serré qui illustre les défis et les promesses pour ces deux nations africaines au cœur des nouvelles politiques climatiques.

L’exposition économique mesure la valeur des exportations de biens verts vers la Chine, l’UE et les États-Unis en part du PIB d’un pays. Si la Tunisie devance légèrement le Maroc en termes d’exposition économique globale, avec 9,4% de son PIB lié aux exportations de technologies vertes vers ces trois grands marchés contre 4% pour le Royaume, c’est ce dernier qui l’emporte au niveau de l’exposition sectorielle.

En effet, 87% des exportations marocaines totales de biens verts comme les véhicules électriques, les panneaux solaires, les batteries, etc., sont destinées à la Chine, l’Union européenne et les États-Unis. Un niveau d’exposition sectorielle très élevé, supérieur à celui de la Tunisie qui affiche 91% sur ce critère. Cette nuance soulignée par les experts de la Banque mondiale met en lumière deux réalités différentes.

D’un côté, la Tunisie a une dépendance économique globale plus forte envers ces trois marchés clés pour l’écoulement de ses produits verts, ce qui la rend plus vulnérable aux évolutions réglementaires et commerciales de ces pays. Mais, de l’autre, c’est l’industrie verte marocaine qui est proportionnellement la plus exposée sectoriellement aux fluctuations de la demande de ces géants.

Cette forte concentration des exportations marocaines de technologies propres traduit une spécialisation industrielle accrue du Royaume dans ces filières d’avenir, capitalisant notamment sur son expertise automobile pour le développement de la mobilité électrique. La Tunisie présente un portefeuille d’exportations plus diversifié.

Cependant, cette exposition sectorielle élevée du Maroc comporte aussi des risques en cas de ralentissement de la demande verte chinoise, européenne et américaine. Une dépendance renforcée aux politiques commerciales et environnementales de ces puissances. Deux stratégies, deux niveaux d’intégration dans les chaînes de valeur vertes mondiales. Un pari bien différent sur l’avenir pour les deux pays voisins du Maghreb. Reste à voir lequel des deux modèles, économique ou sectoriel, s’avèrera le plus payant à long terme.

Les atouts distinctifs des deux pays
Les analyses de la Banque mondiale mettent en lumière les atouts distinctifs du Maroc et de la Tunisie dans la course aux exportations vertes. Néanmoins, ces deux pays font également face à d’importants défis pour concrétiser pleinement leur potentiel dans cette révolution énergétique. Pour le Maroc, l’avantage comparatif réside dans son industrie automobile bien implantée.

«Avec une forte capacité à exporter des véhicules électriques et leurs composants comme les batteries vers l’Europe», soulignent les économistes.

Une opportunité de taille, la demande européenne en véhicules sobres en carbone étant amenée à exploser sous l’effet des réglementations vertes. La Tunisie, quant à elle, mise plutôt sur «les exportations de panneaux solaires et d’éoliennes» vers les marchés chinois, européen et américain. Un pari judicieux, la transition énergétique mondiale dopant la demande pour ces équipements de production d’énergies renouvelables. Cependant, ces atouts ne suffisent pas à eux seuls.

Pour les deux pays, «le chemin est encore long», admettent les consultants de la banque. Plusieurs défis de taille se dressent sur la route de leur pleine insertion dans l’économie verte mondiale. Tout d’abord, attirer les investissements verts nécessitera des réformes réglementaires et une stabilité juridique propices aux affaires.

Ensuite, le renforcement des infrastructures de contrôle et de certification des normes environnementales sera indispensable pour accéder aux marchés les plus exigeants. Enfin, développer des filières industrielles vertes compétitives impliquera des efforts soutenus en matière de formation, de recherche et d’innovation.

Bref, une transition à mener sur tous les fronts pour le Maroc et la Tunisie. Mais l’enjeu en vaut la peine. Un défi titanesque, mais une nécessité urgente à laquelle aucun pays ne peut se soustraire. Le Maroc et la Tunisie ont amorcé le virage vert, reste à accélérer la cadence pour rester dans la course.

Un marathon de longue haleine

Les chiffres de la Banque mondiale sont éloquents : le Maroc et la Tunisie sont déjà bien positionnés dans les starting-blocks de l’économie verte mondiale. Mais comme le souligne si bien l’analyse, cette transition énergétique et industrielle n’est qu’un «match marathon qui ne fait que commencer».

La compétition pour capter les parts de marché des technologies propres comme les véhicules électriques, panneaux solaires et éoliennes ne fera que s’intensifier. Les grandes puissances comme la Chine, l’UE et les États-Unis accélèrent la cadence avec des politiques climatiques ambitieuses. Une aubaine pour les exportateurs verts marocains et tunisiens, mais aussi un immense défi de compétitivité. Qui de Rabat ou Tunis franchira la ligne d’arrivée en tête ? L’avenir nous le dira. Trop d’inconnues subsistent encore sur la trajectoire réglementaire, technologique et commerciale de cette révolution énergétique. Certains facteurs plaident en faveur du Maroc, comme son avantage comparatif dans l’automobile pour exporter des véhicules électriques en Europe.

La Tunisie peut, elle, compter sur ses exportations diversifiées de panneaux solaires et éoliennes pour garder le rythme. Mais sur un tel marathon, l’endurance sera déterminante. Les deux pays devront accélérer leurs réformes vertes pour rester compétitifs. Notamment en attirant les investissements, en formant les talents, en innovant sans cesse : une feuille de route exigeante qui demandera des efforts herculéens.

Cependant, une chose paraît certaine aux yeux des experts, «l’ère des technologies vertes est bel et bien lancée». Une tendance de fond, portée par l’urgence climatique et les politiques volontaristes des grandes puissances. Le Maroc et la Tunisie n’ont d’autre choix que de s’inscrire dans cette dynamique, quitte à batailler âprement pour décrocher les meilleures parts de ce gâteau vert planétaire. Un marathon de longue haleine certes, mais une course dans laquelle il n’y a pas de place pour les abandons. Un objectif ambitieux, mais la seule ligne d’arrivée qui vaille la peine d’être franchie.

Bilal Cherraj / Les Inspirations ÉCO


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