25 ans de règne. Agriculture marocaine : du Plan Maroc Vert à Génération Green
Lancé en 2008 par le Roi Mohammed VI, le Plan Maroc Vert a transformé l’agriculture marocaine en une décennie. Modernisation, hausse de la production et des exportations, création d’emplois, les résultats sont probants. Malgré des défis persistants, cette stratégie a jeté les bases de Génération Green 2020-2030, visant à consolider les acquis et à promouvoir une agriculture durable et inclusive.
Lorsque SM le Roi Mohammed VI a accédé au Trône en 1999, l’agriculture marocaine faisait face à de nombreux défis. Le secteur, bien que crucial pour l’économie du pays, souffrait d’un manque de modernisation, d’une faible productivité et d’une vulnérabilité aux aléas climatiques. Conscient de ces enjeux, le Souverain a fait de la transformation du secteur agricole l’une des priorités de son règne.
C’est dans ce contexte qu’est né en 2008 le Plan Maroc Vert (PMV), une stratégie ambitieuse visant à révolutionner l’agriculture marocaine. Le PMV a été conçu comme une stratégie globale et intégrée, avec pour objectifs principaux la modernisation du secteur agricole, l’augmentation de la production, l’amélioration des revenus des agriculteurs et le renforcement de la sécurité alimentaire du pays.
Pour atteindre ces objectifs, le plan a été articulé autour de deux piliers complémentaires : le premier visant l’agriculture moderne et à haute valeur ajoutée, le second se concentrant sur l’agriculture solidaire et la lutte contre la pauvreté rurale.
Une décennie de réalisations
Au cours de ses dix années de mise en œuvre, le Plan Maroc Vert a enregistré des résultats remarquables. La production agricole a connu une augmentation significative, passant de 75 milliards de dirhams (MMDH) en 2008 à plus de 125 milliards en 2018. Les exportations agricoles ont plus que doublé, atteignant 33 MMDH en 2018, contre 15 milliards en 2008.
Le secteur a également vu la création de plus de 250.000 emplois permanents, contribuant ainsi à la réduction du chômage rural. L’un des aspects les plus marquants du PMV a été son impact sur l’investissement dans le secteur agricole. Entre 2008 et 2018, plus de 104 MMDH ont été investis, dont 40% provenant du secteur privé. Cette mobilisation des investissements a permis la modernisation des exploitations, l’introduction de nouvelles technologies et l’amélioration des infrastructures agricoles.
Innovations et techniques agricoles durables
Le Plan Maroc Vert a mis l’accent sur l’adoption de techniques agricoles innovantes et durables. L’irrigation goutte-à-goutte, par exemple, a connu un développement spectaculaire, passant de 128.000 hectares en 2008 à plus de 585.000 en 2018.
Cette technique permet une utilisation plus efficace de l’eau, un enjeu crucial dans un pays confronté au stress hydrique. L’agriculture de précision a également fait son apparition dans les grandes exploitations, avec l’utilisation de drones, de capteurs et de systèmes d’information géographique pour optimiser l’utilisation des intrants et améliorer les rendements. Parallèlement, des efforts importants ont été déployés pour développer des variétés de cultures plus résistantes à la sécheresse, adaptées aux conditions climatiques changeantes du Maroc.
Défis et limites du Plan Maroc Vert
Malgré ses nombreux succès, le Plan Maroc Vert a également été confronté à plusieurs défis. La dépendance du secteur aux conditions climatiques reste un problème majeur, comme l’ont montré les années de sécheresse. La question de la gestion durable des ressources en eau, bien qu’abordée par le plan, nécessite des efforts continus et accrus. Par ailleurs, certains critiques ont souligné que les petits agriculteurs, s’il sont été ciblés par le second pilier du plan, n’ont pas toujours pleinement bénéficié des retombées du PMV. L’accès au financement et aux technologies modernes est resté un défi pour de nombreuses petites exploitations.
Génération Green 2020-2030 : Une nouvelle étape
Fort des réalisations du Plan Maroc Vert et conscient des défis persistants, SM le Roi Mohammed VI a lancé en 2020 la stratégie Génération Green 2020-2030. Cette nouvelle stratégie vise à consolider les acquis du PMV tout en mettant l’accent sur le développement humain et la durabilité.
Génération Green s’articule autour de deux fondements principaux. Le premier est la priorisation de l’élément humain, avec l’objectif de faire émerger une nouvelle génération de classe moyenne agricole (350.000 à 400.000 ménages) et de jeunes entrepreneurs. Le second fondement concerne la poursuite du développement du secteur, en favorisant le développement des filières agricoles et l’agriculture durable.
La stratégie vise également à doubler les exportations agricoles, pour atteindre 60 MMDH, et le PIB agricole pour s’établir à 250 milliards de dirhams à l’horizon 2030. Elle prévoit aussi d’améliorer les processus de distribution des produits agricoles à travers la modernisation de 12 marchés de gros et la création de marchés de nouvelle génération. Un accent particulier est mis sur la digitalisation du secteur, avec l’objectif de digitaliser près d’un million d’agriculteurs. Cette digitalisation vise à améliorer l’accès aux services, aux informations et aux marchés pour les agriculteurs.
Premiers résultats et perspectives
Bien que Génération Green n’en soit qu’à ses débuts, des progrès notables ont déjà été enregistrés. Le lancement de programmes de formation pour les jeunes agriculteurs, l’accélération de la digitalisation des services agricoles et le renforcement des mesures de soutien aux petites exploitations sont autant d’actions concrètes mises en œuvre.
Cependant, cette stratégie fait à son tour face à des défis importants, notamment l’impact du changement climatique, la nécessité d’une gestion plus durable des ressources en eau et l’impératif de rendre le secteur plus attractif pour les jeunes. Le Plan Maroc Vert et son successeur, Génération Green, confirment l’engagement royal pour le développement du secteur agricole national. Ces stratégies ont non seulement permis de moderniser l’agriculture marocaine et d’augmenter sa productivité, mais elles ont également posé les bases d’un développement plus durable et inclusif.
La rédaction / Les Inspirations ÉCO