25 ans de règne. Biodiversité : le Maroc veut relever le défi
Outre la nouvelle stratégie «Forêts du Maroc 2020-2030» qui ambitionne, à l’horizon 2030, de rattraper 30 ans de dégradation de forêts, le Maroc s’est penché sur l’actualisation de la «Stratégie et plan d’action national pour la diversité biologique» (SPANB), parallèlement aux efforts de lutte contre la désertification.
Au Maroc, la biodiversité subit chaque année une dégradation due à de multiples facteurs dont la surexploitation des ressources naturelles qui dépasse largement les potentialités des écosystèmes, conjugués aux effets des changements climatiques et activités anthropiques. Parfois, les répercussions de ces activités aboutissent à une raréfaction irrémédiable des espèces végétales et animales et à des dégradations irréversibles de certains écosystèmes.
Selon l’inventaire de l’économie verte pour le Maroc, produit par le Partenariat pour l’action sur l’économie verte (PAGE) et le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, le Royaume occupe la deuxième place méditerranéenne en matière de richesse biologique. Il compte près de 24.000 espèces animales et plus de 7.000 espèces végétales, un taux d’endémisme global de 11% pour la faune, et de 20% pour les plantes vasculaires, enregistrant ainsi un des taux d’endémisme les plus élevés.
Le Maroc est également le 12e exportateur mondial des plantes aromatiques et médicinales (PAM) et abrite une des filières les plus riches. La diversité biologique du Royaume constitue un avantage compétitif pour différents domaines d’activité, notamment l’agriculture, l’élevage, la pêche et le tourisme.
Diversité biologique : l’élaboration du sixième rapport national
Compte tenu de cette diversité, mais aussi de l’érosion de la biodiversité, le Maroc, l’un des premiers signataires de la Convention sur la diversité biologique (CBD), et dès 1992, a commencé à s’organiser pour la mise en œuvre de cette convention. Conformément à l’article 26 de la CDB, le Maroc, en tant qu’Etat partie à la Convention, présente régulièrement son rapport national à la Conférence des parties.
À cet effet, le Royaume a élaboré son premier rapport en 2001, le deuxième en mars 2003, le troisième en juin 2005, le quatrième en mars 2009, le 5e en mai 2015 et le 6e en 2019. L’élaboration du sixième rapport national sur l’état de la mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique a permis de définir les mesures, les actions et les programmes associés à la «Stratégie et plan d’action national de la diversité biologique (SPANB)» et mis en place au Maroc.
Ces rapports présentent l’état de mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique à l’échelle nationale et mettent en exergue les difficultés rencontrées et les priorités ayant été accordées pour la conservation et la préservation de la biodiversité. Au total, le Maroc abrite 29 écosystèmes d’une valeur écologique très importante et riches en biodiversité floristique et faunistique qui sont déclarés par le département du Développement durable.
Aussi, le Maroc compte 10 parcs nationaux et 154 Sites d’intérêt biologique et écologique (SIBE) répartis sur une superficie de 2,5 millions d’hectares. De plus, 38 zones humides, totalisant près de 320.000 ha, sont classées sites Ramsar. Ces sites sont généralement considérés comme des zones critiques et des lieux d’étapes indispensables entre l’Afrique et l’Europe pour de nombreux oiseaux migrateurs alors que les forêts couvrent 9 millions d’hectares au Maroc et abrite 7 millions d’habitants.
Forêts du Maroc 2020-2030 : rattraper 30 ans de dégradation
Outre la nouvelle stratégie «Forêts du Maroc 2020-2030» qui ambitionne, à l’horizon 2030, de rattraper 30 ans de dégradation de forêts et table sur une reconstitution des espaces forestiers (600.000 ha en 10 ans) à une cadence de 50.000ha/an dans les premières années pour arriver à 100.000ha/an à l’horizon 2030, le Maroc s’est penché sur l’actualisation de la SPANB.
Il s’agit de l’établissement d’un plan de financement et d’un cadre national de suivi pour la mise en œuvre de la SPANB. Par ailleurs, il est à noter que depuis sa ratification en 1995, la gestion de la convention sur la diversité biologique (CDB) a été éclatée entre plusieurs entités selon le rapport d’évaluation de la gestion des parcs nationaux de la CESE en juillet 2020. Le retard au niveau de l’institution d’une structure chargée du dossier de la CDB et des différentes stratégies qui en découlent s’est accompagné du manque de passerelles entre le niveau central et régional pour la déclinaison des efforts entrepris. Ce n’est qu’en 2014 que des services régionaux de ce département ont été créés.
S’agissant des conseils consultatifs, le Maroc a institué de multiples conseils s’intéressant aux questions environnementales, notamment le Conseil national des forêts (CNF), le Conseil national de l’environnement (CNE), le Conseil supérieur de l’eau et du climat (CSEC). Toutefois, ces conseils sont restés inactifs et ne concourent pas aux stratégies gouvernementales œuvrant à la préservation de la nature. En effet, depuis leur création et sur de longues périodes, ces conseils n’ont tenu qu’un nombre limité de session inférieur à celui prévu par la réglementation et qui est d’au moins une session par an.
La rédaction / Les Inspirations ÉCO